La santé, c’est phygital !
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La santé, c’est phygital !

Comme son nom l’indique, le phygital articule canaux physiques et digitaux. Son omnicanalité démultiplie les possibilités de vente d’un bien ou service grâce aux synergies entre virtuel et présentiel. Les enquêtes consommateurs montrent la complémentarité entre les points de contact physiques et ceux en ligne : d’après le baromètre Smart Retail 2019, la moitié des détaillants voient croître la fréquentation en magasin grâce au digital. Interconnectés, le physique et le digital s’alimentent l’un l’autre : click & collect, QR codes, bornes interactives, caisses automatiques…

La santé aussi se met au phygital

Dans le domaine de la santé, marqué par les confinements dus au Covid-19, les apports du phygital ne sont plus à démontrer. Consultation en présentiel réservée en ligne sur Doctolib, téléconsultation, opération, examens physiques, prescription et livraison de médicaments à domicile ou en pharmacie : les gains de temps, d’argent et de sécurité sanitaire paraissent évidents.

A l’image de Caducy, le selfie vidéo conçu par i-Virtual, start-up French IoT, est intégré sur les plateformes de Nouveal afin de relever température et données vitales à distance, le phygital ne se substitue pas à la médecine traditionnelle mais la complète.

Aujourd’hui, d’autres start-up French IoT comme Posos, Ludocare, Exactcure et Ordoclic mettent sur pied des stratégies omnicanal pour se mettre au service des patients et des soignants.

Posos : sécuriser la prescription

Combattre les erreurs médicamenteuses signifie lutter contre les dix mille morts que la iatrogénie engendrent chaque année en France. Or, 40% des ordonnances de patients admis à l’hôpital incluent des risques médicamenteux tandis que 71% des médecins disent prescrire dans de mauvaises conditions. Afin d’agir en amont, la start-up Posos a développé un outil numérique analysant les prescriptions, les risques d’effets indésirables et de conflits avec d’autres traitements.  

Trois questions à Emmanuel Bilbault, président de Posos


La solution Posos vise à éviter les erreurs de prescription médicale. A quels stades agit-elle ? 

Emmanuel Bilbault. Posos agit essentiellement dans les mains du médecin avant qu’il fasse la prescription. Lorsque le patient arrive à l’hôpital, il suffit au médecin de photographier l’ordonnance du patient avec son téléphone ou webcam pour que Posos la retranscrive dans le dossier patient informatisé du logiciel de l’hôpital. Cela permet de gagner 3 à 4 minutes par patient, d’éviter les fréquentes erreurs de frappe lorsque le médecin ressaisit le traitement du patient et surtout d’automatiser l’analyse de la prescription.

Quels sont les autres cas d’usage de Posos ? 

Une fois qu’on a ces données, Posos analyse la prescription pour détecter un risque et le corriger. Elle vise à retrouver tous les risques potentiels de l’ordonnance à partir d’une analyse multisources et multicritères (interaction entre les médicaments, contre-indications avec le terrain du patient comme le risque chez la personne âgée ou la femme enceinte…).

Puis en un clic, Posos propose au médecin plusieurs possibilités de médicaments alternatifs –l’équivalence de dose – et la posologie adaptée au patient donné. 

A posteriori, quand un patient soufre, par exemple d’une rétention urinaire, la première chose à faire est de vérifier qu’un de ses médicaments ne donne pas cet effet secondaire. Le médecin prend une photo de l’ordonnance ou lance une recherche depuis son logiciel de prescription, saisit la plainte du patient et l’outil Posos lui dit si cet effet indésirable peut être d’origine médicamenteuse et suggère des options alternatives appropriées. 

Ce système relègue-t-il le médecin au rang d’exécutant ? 

Non. Le mythe du médecin omnipotent a vécu. Posos assiste et accompagne le médecin mais lui laisse la main. Il y a 12 000 médicaments en France, des patients de plus en plus compliqués parce qu’ils vieillissent et deviennent multipathologiques, les médecins ont de moins en moins de temps et nécessitent une assistance. Posos suggère les dix médicaments les plus appropriés parmi les douze mille sur le marché et le médecin fait son choix. Sur le marché, il existe de nombreux systèmes d’analyses de risques d’ordonnances mais sans jamais donner de solution. C’est une immense différence pour un soignant.  

ExactCure : vite, ma bonne dose !

Modéliser les réactions du sujet à la prise de tel ou tel médicament ? Vous en rêviez, ExactCure l’a fait. Grâce à l’Intelligence artificielle, un « jumeau numérique » à l’âge, au poids, au sexe, aux comportements et au génotype identique aux vôtre steste virtuellement l’effet des médicaments. Objectif : personnaliser l’usage médicamenteux et trouver la bonne dose. Ce bio-modèle autonomise également le patient en prévenant les risques de l’auto-médication. Par exemple, s’il est recommandé de prendre du Paracétamol en cas de Covid-19, ExactCure indique la dose idoine au patient, rappelant que la surdose de ce médicament cause des milliers de morts chaque année.

Ludocare : les robots au service des jeunes malades

Penchons-nous sur une catégorie particulière de patients : les malades chroniques (asthme, diabète, allergies…). Ils doivent suivre des traitements quotidiens parfois dès le plus jeune âge. C’est en pensant à leur santé (et à l’inquiétude de leurs parents) que Ludocare a conçu les compagnons de santé connectés Joe et Léo. Ces deux robots au design ludique indiquent à l’enfant son traitement et le récompense s’il le prend correctement. Tranquillisés, les parents paramètrent en amont l’ensemble des traitements à suivre via l’application Ludocare qui commande le robot. Si leur progéniture ne prend pas les médicaments prévus, ils reçoivent une alerte sur leur téléphone. Ici, Joe et Léo ne jouent qu’un rôle transitoire, l’objectif étant d’éduquer les jeunes malades pour qu’ils acquièrent de bonnes pratiques et puissent à terme se passer de ses compagnons.

Ordoclic : un médecin à portée de clic

Tel un couteau suisse de la e-santé, Ordoclic fourni des logiciels pour accompagner pharmaciens et médecins dans leur transition numérique.

Notamment pour permettre aux patients de prendre un rendez-vous médical, réserver un créneau de vaccination ou de test antigénique en pharmacie (dont le résultat vous est rapidement envoyé par mail et sms). Un dossier patient numérique centralise l’ensemble de vos données de santé et répertorie vos rendez-vous, évitant les risques de perte ou d’oubli inhérents aux documents papier.

Toujours dans le respect des normes juridiques, éthiques et déontologiques, Ordoclic leur propose un logiciel de prescription électronique, prolongement logique de sa solution de téléconsultation.

Mes médicaments chez moi : (dé)livrez-moi !

Dernière étape : la réception des produits pharmaceutiques. Avec Mes médicaments chez moi, La Poste Santé a mis en place une solution simple pour permettre à tous les Français de commander leurs médicaments à distance puis de les recevoir chez eux. La plateforme Mes médicaments chez moi proposent également des services complémentaires (prise de rendez-vous en officine) conformes aux nouveaux rôles des pharmaciens. Zoom sur une initiative en pleine croissance.

Trois questions à Guillaume Bosc, directeur général de Mes Médicaments chez moi

Peut-on définir Mes Médicaments chez moi comme une interface entre patients et pharmaciens ?

Guillaume Bosc. Notre plateforme digitalise et fidélise la relation entre patient et pharmacien en proposant plusieurs services complémentaires (livraison de médicaments réalisée par La Poste ou le pharmacien, prise de rendez-vous en officine, click & collect). Notons que la prise de rendez-vous permet au patient de venir chez son pharmacien bénéficier de l’un des nouveaux services rémunérés au pharmacien par la CNAM (administration d’un vaccin, entretien thérapeutique, bilan de médication).

Quel est votre public-cible ?

La livraison s’adresse prioritairement aux personnes isolées, fragilisées ou qui ont des difficultés momentanées de déplacement. Mais il n’est pas si facile d’atteindre ce public par le digital, notamment la frange la plus âgées. C’est pourquoi, à l’intérieur de la plateforme Mes médicaments chez moi, nous avons mis en place un module aidant pour que les proches du patient commandent pour lui. De même, il est possible de se faire livrer les médicaments à domicile, au travail ou dans votre résidence secondaire.

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

Nous collaborons avec deux mille pharmaciens et visons l’objectif de trois mille à la fin 2022. Aux côtés de Doctolib et d’autres, Mes médicaments chez moi compte par ailleurs parmi la trentaine de présélectionnés du kiosque digital Mon Espace santé. Il s’agit d’un dossier patient avec tous ses documents de santé. Le patient peut partager une synthèse de son profil médical avec les professionnels de son choix. 

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