« Le premier défi des entreprises à forte croissance, c’est le recrutement »
Interview
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« Le premier défi des entreprises à forte croissance, c’est le recrutement »

A priori, tout sépare Emmanuel Blanchet et David Jobin. Respectivement à la tête de Deepki et Royalties, ces entrepreneurs aux parcours diamétralement opposés partagent le goût de l’initiative et une même capacité à rebondir. French IoT vous propose deux articles qui retracent leurs itinéraires.

👉 Lire aussi : « Être entrepreneur, c’est savoir conquérir un client et le garder », David Jobin, président de l’agence Royalties

« Le premier défi des entreprises à forte croissance, c’est le recrutement », Emmanuel Blanchet, COO et co-fondateur Deepki

Ingénieur polytechnicien de formation, vous êtes engagé dans le monde de l’entreprise depuis la fin de vos études. Quelles grandes étapes ont jalonné votre parcours professionnel ?

Je suis en effet ingénieur, formé aux besoins de solutions sur les grands problèmes comme le changement climatique. A la sortie de Polytechnique, j’ai commencé ma carrière chez Bouygues construction. Ma rencontre avec Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean, alors en train de monter le cabinet de conseil Carbone 4, m’a donné envie de le rejoindre en 2009. Puis j’ai eu envie de retourner vers une mission plus opérationnelle et de créer une entreprise. C’est là que j’ai fondé Deepki avec mon associé Vincent Bryant en 2014.

Quelle en a été l’idée de départ ?

Aider les acteurs de l’immobilier à réussir la transition énergétique et la trajectoire Net Zero à travers un focus sur les data. Les grands acteurs de l’immobilier disposaient de nombreuses données, affichaient des objectifs très ambitieux mais le lien entre les deux peinait à se faire. Il existait très peu de solutions capables de travailler à l’échelle.

Deepki est née d’une invention technologique…

Absolument. Grâce au Big Data, nous pouvons exploiter et utiliser des données avec des outils d’analyse qui se sont transformés en logiciel SaaS.

Notre autre positionnement très innovant consiste à mutualiser les données de millions de bâtiments, qu’il s’agisse du logement ou du secteur tertiaire. Traditionnellement, le bâtiment est géré site à site. Mais il est impossible de suivre les engagements de décarbonation de la France et de l’Europe en travaillant bâtiment par bâtiment. Jusqu’ici, les bailleurs, grandes chaînes de magasins ou collectivités peinaient à collecter les informations sur leur consommation énergétique. Aujourd’hui, on a plus de trois cents clients qui solidifient l’homogénéisation des besoins avec notre logiciel Deepki Ready. On vend des abonnements à notre logiciel auquels s’ajoutent des services d’accompagnement.

Quels chiffres résument le succès de Deepki ?

Nous sommes aujourd’hui plus de trois cents salariés présents dans toute l’Europe. Outre notre siège parisien, nous avons des bureaux à Londres, Madrid, Milan et Berlin. L’emprise continentale de Deepki est liée au fait que les grandes règlementations sur l’immobilier sont aujourd’hui européennes. Notre entreprise harmonise donc les besoins de nos clients paneuropéens. Cette année, nous avons levé 150 millions d’euros. Nous sommes de très loin le premier acteur européen sur ce sujet – et même mondial, bien que nous soyons encore peu présents aux Etats-Unis et en Asie. Nous doublons notre chiffre d’affaires tous les ans. Aujourd’hui, notre C.A. dépasse les 20 millions d’euros.  

Quelles difficultés avez-vous surmontées pour en arriver là ?

Le premier défi des entreprises à forte croissance comme la nôtre, c’est le recrutement. En huit ans, Deepki est passé de deux à trois cents collaborateurs ! Tout en augmentant nos effectifs, comment conserver la vision, l’ambition et la culture d’entreprise de Deepki ? C’est un challenge que de trouver le bon niveau de recrutement.

On doit à la fois recruter les personnes dont on aura besoin demain et à très court terme aujourd’hui pour répondre aux besoins immédiats de nos clients. Avec toujours la conscience que l’entreprise sera deux fois plus grosse l’an prochain

Emmanuel Blanchet, COO et co-fondateur Deepki

Le recrutement et la gestion des ressources humaines, c’est un challenge d’entrepreneur qui commence dès le premier jour.

Quels sont les autres enjeux cruciaux à ne pas perdre de vue ?

Le financement. Un éditeur de logiciel Saas doit déterminer à quel moment il est important de lever des fonds, de tendre vers la rentabilité, de réaccélérer. Pendant la phase de structuration du produit, si on n’investit pas et qu’on ne prend pas le temps de structurer un produit SaaS, on aura une activité beaucoup trop spécifique ou trop dans le conseil.

Notre dernière levée de fonds a marqué une phase d’accélération à un momentum de notre vie de leader, alors que le marché s’ouvre grâce à la prise de conscience et à la réglementation européenne. C’était le moment de lever des fonds pour faire en deux ans ce qu’on prévoyait de faire en cinq ans. C’était aussi le moment de passer par des acquisitions pour s’installer dans un pays ou ajouter une brique technologique.

N’avez-vous jamais connu l’échec ?

Si bien sûr, nous avons commis de petites erreurs. Par exemple, nous avons fait de nombreux allers-retours sur la structuration et organisation des équipes de commerce et des équipes de développement. Il faut arbitrer entre orientation spécifique et porte ouverte à l’innovation. Mais nous avons globalement su garder un très bon équilibre entre vision et pragmatisme.

Avez-vous parfois hésité sur la stratégie à mettre en œuvre ?

Bien sûr. Au cours de la vie de Deepki, nous avons testé d’autres produits, au point de nous demander si nous n’allions pas devenir une plateforme de data sur toutes sortes de données (énergie, eau, ascenseur, maintenance, …). Nous avons testé un produit très attrayant d’un point de vue commercial et client mais qui présentait une difficulté d’implémentation à l’échelle de cinquante ou cent bâtiments. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur l’immobiliser et l’ESG afin d’être les meilleurs sur cette verticale. L’équilibre entre spécialisation et innovation se trouve grâce aux bons indicateurs.

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