CES 2021, les tendances observées en Sustainable Tech
Chaque année le Hub Institute, digital think tank, présente à ses membres des debriefs des tendances observées au CES.
En 2021 le Hub Institute propose un événement 100% digital ouvert à tous : l’Innovation Week, 3 jours pour décrypter les tendances et innovations du plus grand salon du monde consacré à l’innovation. Zoom sur la sustainable tech, une technologie engagée.
La confiance, clef de voûte des consommateurs
La confiance est au centre de la relation entre marques et consommateurs. 88% de ces derniers achètent à nouveau des produits d’une marque en qui ils ont confiance. 85% de la génération Z pensent que les marques devraient proposer un produit ou un service qui va au-delà de la recherche du profit. Les politiques durables et plus largement RSE sont donc devenues des enjeux majeurs et sont bénéfiques pour les marques. La responsabilité (principalement portée sur l’environnement) contribue à 49% à la réputation d’une entreprise. Et cette part à la contribution a triplé en 10 ans. La multinationale allemande Bosch est l’une des premières entreprises à avoir atteint son objectif de neutralité carbone en 2020 (400 sites dans le monde). La campagne #LikeaBosch aide les consommateurs à réduire leur empreinte carbone (2,5 tonnes de CO2 en Allemagne), économiser l’eau, l’énergie et les déchets électroniques.
4 leviers de la production durable
1. La transparence, mesurer l’impact environnemental de la production et de la supply chain
2. L’emploi de matériaux recyclés, utilisation de ressources issues du recyclage
3. L’emploi de matières recyclables et diminution de la consommation, penser l’impact dès la conception
4. L’éco-conception et la circularité, penser le remploi futur des matériaux dès la conception
Packaging réutilisable et durable
Avec les restrictions de déplacement dû à la pandémie mondiale, le e-commerce et les livraisons à domicile ont explosés. Les emballages « traditionnels » sont remis en cause au profit d’emballages écologiques. La recyclabilité, durabilité et biodégradabilité des emballages constituent désormais des facteurs importants dans la décision d’achat des consommateurs.
Et pour autant une tendance contradictoire émerge : celle du retour en force du plastique à usage unique induit par le Covid-19, alors que cette pandémie représente pour certains une opportunité d’en réduire son utilisation. En effet, les consommateurs ont plus de temps pour laver et réutiliser à domicile et leur conscience écologique est exacerbée.
Les emballages réutilisables font leur entrée dans les fast food : gobelets consignés par McDonald’s, tasses réutilisables au domicile des consommateurs de Starbucks. Les marques reviennent également à des packagings en verre qu’elles conçoivent à partir de matériaux recyclés ou encore le carton, notamment pour les entreprises de la cosmétique. Les emballages à partir du mycélium (dérivé du champignon) constituent également un atout car entièrement biodégradable.
Living Packets, start-up French IoT, a de son côté été récompensée pour la deuxième année consécutive d’un CES Innovation Award pour la nouvelle version de TheBox : son colis réutilisable connecté pour lutter contre le suremballage du e-commerce.
L’enjeu ici est de sortir d’une économie linéaire pour aller vers une économie circulaire avec un maximum de réemploi.
Notons aussi l’importance de l’utilisation de matériaux recyclés dans la communication des marques et industriels permettant de partager leurs engagements environnementaux avec leurs clients. Electrolux a ainsi développé un aspirateur composé à partir de matière recyclées. H&M a dévoilé Looop, un système de récupération des vêtements usés pour l’upcycling. Looop est le premier système de recyclage en magasin du monde qui transforme les anciens vêtements en nouveaux vêtements. Pas d’eau ni de teinture, le seul composant ajouté est un matériau durable pour renforcer le fil.
Autres exemples, Fairphone qui conçoit un téléphone composé à 40% de plastique recyclé et dont les composants sont remplaçables, ou encore AMP Robotics, start-up américaine qui développe un système robotisé associé à une IA pour automatiser le tri des déchets.
L’essor du circuit court
Face au risque d’une production délocalisée, l’achat direct aux producteurs de denrées alimentaires, explose chez les consommateurs. Depuis la pandémie, 3 millions de britanniques ont commandé pour la première fois directement chez un agriculteur. Les volumes de production étant faibles, ce type de consommation reste toutefois assez coûteux. Mais avec les recherches pour une agriculture régénératrice, plus productive et diversifiée, ce coût devrait être amené à diminuer les prochaines années.
NThings, la ferme urbaine verticale et modulable sud-coréenne, permet de produire des produits frais n’importe où dans le monde en associant container, IoT et data base. Agrove, start-up française, conçoit de son côté des kits de potager intelligents associés à une appli, dont l’arrosage s’active automatiquement en fonction de la température et du taux d’humidité.
Le confinement a bien entendu accéléré la digitalisation des petits commerçants de proximité. Avec Ma Ville Mon Shopping, La Poste propose aux professionnels et collectivité une plateforme pour créer facilement son magasin virtuel et associer des services pour les clients.
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Moins énergivore, moins d’eau, des solutions pour une meilleure efficacité énergétique
Lors de cette édition du CES, EDF a dévoilé trois start-up nées de projets d’intrapreneuriat. Parmi elles, Urbanomy apporte son expertise aux promoteurs et collectivités sur la planification urbaine et énergétique.
La start-up américaine GoSun ambitionne d’inclure l’énergie solaire dans des biens de consommation courante en produisant un éventail de produits permettant de cuisiner, recharger, refroidir, charger, allumer ou purifier l’eau.
Carbyon, start-up hollandaise cherche à fermer la boucle du CO2 en recyclant l’air ambiant. Cette innovation représenterait un réel avantage en terme de prix puisqu’elle couterait moins de 50€/tonne de CO2 et pourrait être utilisée dans l’aviation ou le transport maritime à la place d’énergies fossiles.
La start-up américaine Hydraloop revalorise les eaux usées domestiques en collectant et traitant 80% de l’eau consommée (douche, bain, machine à laver, climatisation) pour la réinjecter dans les chasses d’eau, l’arrosage, la piscine ou encore pour faire le ménage.
L’Oréal était également présent au CES 2021 pour présenter Water Saver un dispositif permettant de réduire la consommation d’eau lors du lavage des cheveux. Water Saver combine une technologie de micronisation de l’eau associée à l’utilisation de cartouches de soins et de produits capillaires pour une réduction de 80 % de l’eau utilisée.
Inclusion et diversité
Autre aspect de la responsabilité des entreprises, l’inclusion et la diversité s’imposent dans les stratégies RSE. Des marques ont notamment fait le choix de soutenir publiquement le mouvement Black Lives Matter. Sephora, en plus de former ses employés sur l’inclusion et la diversité, met en avant des cosmétiques conçus par des créateurs Noirs.
Concernant l’âge, la physionomie ou le genre, toutes ces représentations trouvent leur place dans le marketing. Les emojis d’Apple se sont vus ajouter une dizaine d’options de personnes non-binaires, des marques comme Fenty ou Wallmart font le choix d’inclure des mannequins de toutes physionomies ou d’autres le recours à des mannequins seniors.
Les personnes handicapées sont elles aussi mieux approchées par les entreprises. Google Map indique des chemins plus accessibles pour les personnes se déplaçant en fauteuil roulant, Navilens propose une application pour faciliter les déplacements des personnes malvoyantes ou encore ThisAbles un projet poussé par IKEA pour permettre aux personnes atteintes d’un handicap d’utiliser plus confortablement des produits existants de la marque.
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