Les clés pour un numérique responsable
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Décryptage

Les clés pour un numérique responsable

Crise environnementale, fracture numérique : l’actualité ne cesse de rappeler que le digital a un impact écologique mais aussi social considérable sur nos modes de vie. Comment, dès lors, rendre les services numériques plus responsables dans tous ces domaines ? Pour les entreprises comme pour les utilisateurs, la démarche passe à la fois par la sensibilisation et l’intégration de bonnes pratiques dès la conception des outils.

Selon les données de l’Ademe, publiées en 2019, le numérique représente aujourd’hui un peu plus de 4% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. « Nous avons longtemps vécu en considérant que le virtuel n’avait pas d’impact sur le monde réel. Or, entre les infrastructures réseaux, les data centers, la consommation énergétique et les équipements, on s’aperçoit que tout cela relève d’une illusion », lance Valentin Bouteiller, directeur développement et impact chez Zei, start-up qui accompagne les entreprises dans leur démarche RSE et qui figure parmi les lauréats du programme French IoT 2020.

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Au cœur de la chaîne de valeur numérique, un segment concentre près de la moitié des émissions : le matériel. « La plupart des études démontrent aujourd’hui que l’utilisation des services n’est pas ce qui pèse le plus dans l’impact du secteur. La fabrication des équipements demeure le vrai problème », confirme Delphine Benard, directrice RSE chez Docaposte. Pour concevoir un ordinateur, par exemple, il faut mobiliser 50 fois son poids en matières premières.

Cette étape génère 124 kilos de CO2, soit les trois quarts des émissions sur le cycle de vie de l’appareil. Un constat qui pousse à s’interroger sur la façon d’allonger la durée d’utilisation de ces outils.

De la conception au réemploi : rappeler les bonnes pratiques

Dans ce cycle, les entreprises ont une responsabilité dès la conception des services qu’elles proposent. « On touche à la fois à l’éco-conception des logiciels et aux enjeux de ce que l’on appelle l’obésité numérique. Certaines applications, par exemple, nécessitent tellement de ressources que certains smartphones ne peuvent pas les faire fonctionner. Cela incite les utilisateurs à renouveler leur matériel », analyse Delphine Benard.

Une des premières démarches d’éco-conception consiste à mettre en place une analyse du cycle de vie. « C’est un outil qui permet d’observer et d’analyser les impacts à chaque étape du service numérique que l’on propose. Cette cartographie constitue ensuite une référence sur laquelle on peut s’appuyer pour suivre les progrès », estime-t-elle.

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Docaposte a déjà réalisé ce type d’analyse pour ses services de signature électronique Contralia et la boîte aux lettres numérique Digiposte. Elle a aussi engagé des sessions de sensibilisation des collaborateurs, autre étape-clé dans l’évolution de l’entreprise. Rappeler les bonnes pratiques (éteindre son ordinateur en quittant le bureau, recycler les matériels en bout de cycle de vie, avoir recours à des sources d’énergie certifiées renouvelables, etc.) constitue en effet un bon moyen de susciter l’adhésion de tous les collaborateurs.

D’autres outils assez simples d’utilisation sont disponibles, mais pas toujours bien connus des décideurs. « Beaucoup d’entreprises n’engagent pas de démarche RSE faute de temps et de maîtrise de ce processus. Pourtant, il existe déjà de nombreuses solutions et des gestes à mettre en place pour progresser dans ce domaine », explique Valentin Bouteiller. Ecoindex, qui évalue en ligne la performance environnementale d’un site web, ou Green Spector, qui propose son expertise en matière d’efficience énergétique des services numériques, en font partie.

La plateforme Zei, qui aide les entreprises à progresser et à communiquer sur leurs démarches de réduction de l’impact environnemental et social, en a répertorié plus de 800 qu’elle met à disposition de ses membres.

Des progrès à faire sur l’accessibilité

Parler de numérique responsable ne se limite pas au « Green IT » (l’éco-conception de logiciel). Les questions d’accessibilité aux personnes en situation de handicap et d’inclusion de tous les publics font partie des sujets qui engagent la responsabilité numérique des entreprises.

En termes d’accessibilité, le référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA) fait office de code à respecter, même si les résultats sont encore timides : « On estime que 2 à 3% des sites sont en conformité avec ce référentiel. Mais il y a une prise de conscience générale de ce problème depuis quelques années », estime Valentin Bouteiller. Ce que confirme Delphine Benard : « Le volet sociétal est vraiment devenu une exigence majeure dans les appels d’offre, notamment chez les grands comptes. »

Pour convaincre, la mise en valeur des bénéfices liés à la mise en place d’une démarche numérique responsable jouera sûrement un rôle. Une étude de France Stratégie publiée en 2016 (« Responsabilité sociale des entreprises et compétitivité ») montrait que les entreprises ayant entamé une démarche RSE étaient, en moyenne, plus performantes de 13% par rapport aux autres. De quoi donner matière à réfléchir aux retardataires.

French IoT – Illustration Shutterstock.com

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