Ethique de la data : les tocs qui nous mettent en danger
Ethique de la data
Décryptage

Ethique de la data : les tocs qui nous mettent en danger

La crise sanitaire a amplifié les questionnements sur l’éthique de la data au travers des formulaires ou applications mises à disposition par les acteurs institutionnels ou privés. En parallèle chacun d’entre nous reste utilisateur et consommateur d’applications téléchargées sur son smartphone sans porter de l’attention à la sécurité de nos data, ou en baissant la garde sur les questions éthiques. Quels rapports entretenons-nous avec nos données ? Un utilisateur averti en vaut-il vraiment deux ?

 

L’alliance de Big Brother et Docteur Hyde

La crise sanitaire sans précédent que nous sommes en train de vivre nous conduit à analyser des données de suivi de malades dans toute la France via par exemple une application comme StopCovid.  Chaque soir nous étions et sans doute sommes-nous encore nombreux à suivre les données des nouveaux cas et des entrées aux urgences.

Selon sa définition de l’éthique, la santé publique s’intéresse à la conception et à la mise en œuvre de mesures pour contrôler et améliorer la santé des populations pour envisager les conditions structurelles qui favorisent le développement de sociétés saines.

Les principales questions éthiques dans le domaine de la santé publique visent 5 objectifs principaux :

  1. réduire les inégalités de santé,
  2. favoriser l’accès aux soins et aux bénéfices de la recherche médicale,
  3. décider quelles actions mettre en œuvre face à la menace des maladies infectieuses,
  4. coopérer pour maîtriser les épidémies,
  5. surveiller la santé des populations.

Avec la pandémie Covid, l’idée est généreuse sur le papier, mais dans les faits, c’est plus que compliqué, en matière de participation, transparence et responsabilisation. Les polémiques concernant le traitement de ces data émergent.

Quand la data prend mieux soin de nous que nous-même

Les plus attentifs se souviendront de cette information relative à « 17% de Franciliens ayant quitté l’Île-de-France pour se réfugier en province la veille du confinement » qui circulait dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais d’où venait-elle et était-ce exact ?

En fait, elle a été obtenue par les équipes d’un opérateur télécom qui a analysé les données téléphoniques anonymisées de 24 millions d’utilisateurs.

Une modélisation de l’exode francilienne a pu être extrapolée pour déterminer de futurs foyers de contamination, ou les villes nécessitant un renfort médical.

En pratique, le traitement était a priori respectueux de la vie privée puisque l’ensemble des données était anonymisées avant d’être transférées au Ministère de la santé et aux hôpitaux français.

Mais cela pose question(s).

Toujours cet éternel débat entre la sécurité sanitaire des populations, qui autorise de mettre tout en œuvre pour juguler une pandémie, et le respect des libertés individuelles, qui conduit au contraire à ne pas tout mettre en oeuvre.

Et là, nous touchons au paradoxe récurrent : pourquoi l’utilisation de nos data par nos gouvernants crée autant de fantasmes et de peur, bien qu’elle permette en théorie de sauver des vies, alors que nous sommes capables, sans sourciller, de confier nos données privées à des applications inconnues sans même nous inquiéter de leurs utilisations ultérieures, juste pour le plaisir de jouer ?

La sécurité en question

Qui a oublié FaceApp, l’application pour vieillir les visages qui faisait polémique sur les réseaux sociaux il y a tout juste un an ? Vous aussi vous vous souvenez avoir téléchargé votre photo pour voir à quoi vous ressembleriez, plus vieux/vieille ?

Basée en Russie, la société Wireless Lab ne respectait pas les règles européennes et se réservait le droit d’utiliser les photos fournies pour son propre compte.

Nul besoin de tests compliqués pour s’en apercevoir, il suffisait de lire les conditions d’utilisation. Mais qui parmi nous les a lues avec attention avant de les valider pour s’empresser de télécharger des photos privées sans se préoccuper de leur utilisation ultérieure ?

Qui n’a pas haussé les épaules face aux rares avertissements lus ça et là sur les réseaux sociaux ?

Et encore plus impactant, qui relie consciemment WhatsApp Facebook et Instagram en postant une photo sur l’un, en effectuant une recherche sur l’autre et en passant un appel sur l’autre, et en se disant que ces données croisées ouvrent une fenêtre très indiscrète sur nos vies privées ? Le confort proposé par ces services, en apparence gratuits mais que nous payons de nos données partagées sans réel contrôle, pourrait bien un jour finir par coûter très cher !

Elles le sont par exemple pour commettre une fraude publicitaire sur mobile : un malware imite les actions de l’utilisateur pour cliquer virtuellement sur des bannières de pub et ainsi rémunérer frauduleusement le développeur. Là, c’est plus difficile de s’en apercevoir, mais c’est assez peu dangereux pour les données utilisateurs.

Une étude UFC Que Choisir rappelle qu’il faut rester vigilant : après un test de 34 applications, 8 posent de réels problèmes de confidentialités, et 10 se révèlent plutôt risquées.

Autant d’exemples qui nous font dire qu’en matière d’éthique et de sécurisation des données, le maillon faible se trouve souvent entre la chaise et le clavier, n’est-ce pas ?

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Quelques bonnes pratiques à acquérir en matière de protection

  • De façon générale, restez toujours attentif, en particulier sur les autorisations incohérentes demandées par une Pourquoi une application de retouche photo aurait besoin de votre géolocalisation ? N’acceptez pas tout en bloc. Vérifiez.
  • Installezdes applications qui vous sont utiles et désinstallez régulièrement celles que vous n’utilisez pas.
  • Séparez les usages personnels et professionnels et évitez l’usage d’applications personnelles sur vos terminaux professionnels pour éviter de compromettre les données de votre entreprise. Et vice-versa.
  • Passez sérieusement en revue les paramètres de confidentialité.
  • Autorisez la géolocalisation, l’accès à micro, à l’appareil photo etc. uniquement si c’est nécessaire au fonctionnement de l’application.
  • N’utilisez pas les WiFi publics non sécurisés sauf cas de force majeure.

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Image par Thomas Ulrich de Pixabay

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