CES 2021, les tendances observées en mobilité et smart city
Chaque année le Hub Institute, digital think tank, présente à ses membres des debriefs des tendances observées au CES.
En 2021 le Hub Institute propose un événement 100% digital ouvert à tous : l’Innovation Week, 3 jours pour décrypter les tendances et innovations du plus grand salon du monde consacré à l’innovation. Zoom sur la mobilité et la smart city.
Mobilité, des tendances confirmées en 2021
Parmi les grandes tendances autour de la mobilité on retrouve sans surprise la voiture connectée et électrique. Déjà qualifié comme la « Tesla Chinoise » Nio est un acteur qui fait parler de lui lors de cette édition du CES avec plus 1000 km d’autonomie annoncé. Si le coût de ce type de véhicules est incontestablement très élevé pour la majorité de la population, on estime qu’à partir de 2022 le prix des voitures électriques sera moins cher que celui des véhicules traditionnels. Mais pour cela la R&D des batteries doit encore être approfondie, plus particulièrement sur leurs composants aujourd’hui principalement issus de matériaux rares.
Autre point, l’intelligence de ces véhicules viendra de leur capacité à s’interconnecter avec leur environnement. C’est ce que l’on appelle le V2X, Véhicule to Everything. Et pour ce faire, des briques technologiques sont indispensables. Notamment des capteurs permettant aux véhicules d’analyser leur environnement comme les Lidar, radars. Et bien sûr des caméras, des processeurs et les IA d’analyse.
L’entreprise israélienne Mobileye, appartenant à Intel, a annoncé au CES un composant d’un nouveau genre : le lidar photonique. Très compact et plus performant que la plupart des modèles actuels, le lidar photonique voit plus loin (jusqu’à 200m contre 100m). Il est aussi et surtout capable de mesurer la vélocité en temps réel d’un objet (technologie appelée FMCW – Frequency modulated continuous wave ou onde continue modulée en fréquence)
Les données de ces véhicules intelligents seront quant à elles stockées en local grâce au Edge computing et pourront être transmises sur le cloud via la 5G. Le prochain enjeu sera sans aucun doute la baisse des coûts de ces composants et technologies pour permettre la démocratisation des véhicules intelligents.
Le CES est aussi l’occasion de découvrir les robots taxi et véhicules autonomes les plus fous. Cette année c’est General Motors qui fait le buzz avec deux modèles de « Cadillac » : une volante et une autonome.
Dernier volet d’une mobilité plus connectée et intelligente : la Mobilité-as-a-Service. C’est le cas de Search, start-up French IoT, qui réinvente les trajets domicile-travail des salariés. Son appli agrège tous les types de transports verts (vélos libre-service, co-voiturage, VTC électrique, trottinettes…) et les propose aux collaborateurs. Elle calcule également le CO2 économisé pour permettre aux entreprises de communiquer sur ces actions RSE. Cette solution est également plébiscitée par les sociétés pour la mise en place du Forfait Mobilité Durable.
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Autre tendance exacerbée par la crise Covid, la micro mobilité avec l’explosion de l’usage du vélo ou trottinette dans les zones urbaines. Cosmo Connected, start-up française, conçoit des casques connectés pour la sécurité des motos, vélos et trottinettes. Par des signaux lumineux, le casque permet d’indiquer aux autres usagers le changement de direction ou le freinage de l’utilisateur.
Il est également important de noter les innovations autour du transport autonome aérien, et plus particulièrement à travers la livraison du dernier kilomètre de biens par drone. Ces derniers pourraient diviser par 25 les coûts de livraison actuels. Skyward, la filiale de Verizon dédiée aux drones travaille avec UPS Flight Forward pour proposer des livraisons de biens de consommation courante par drones connectés.
La ville « smart », un nouveau standard ?
La ville devient connectée au travers de la digitalisation de ses infrastructures. A travers l’utilisation massive d’objets connectés favorisés par l’adoption de la 5G, mais aussi avec une plus forte démocratisation du BIM (Building Information Modeling). Cette méthode consiste à créer un jumeau digital 3D des bâtiments, des quartiers et demain, des villes entières. A partir de cette réplique numérique on pourra plus facilement concevoir, construire, rénover et opérer des bâtiments avec plus d’efficacité énergétique et plus d’intelligence. Parmi les principaux acteurs de ce marché, on retrouve Schneider Electric ou Bosh.
La connectivité donc reste un point crucial pour les villes. E2IP Technologies, société canadienne a été elle aussi récompensée d’un CES Innovation award pour ses e2ip Engineered Electromagnetic Surfaces (EES). Ce sont de fines feuilles de plastique semi-transparentes qui réfléchissent, redirigent ou bloquent des ondes radiofréquences spécifiques. Ces plaques flexibles peu coûteuses peuvent être déployées sur des surfaces structurelles extérieures ou intérieures (bâtiments, signalétique, murs intérieurs…) pour augmenter, orienter ou inhiber des services de télécommunication spécifiques (5G, Wi-Fi…). Dans le cas des réseaux 5G, les fiches e2ip EES réduisent les coûts de déploiement et facilitent le déploiement du réseau en réduisant le nombre d’antennes nécessaires.
En terme de sécurité, Adasky société israélienne s’est vue récompensée d’un CES Innovation Award pour sa caméra de détection thermique à destination des villes. Contexte sanitaire oblige, la société américaine Plott a également reçu un Award pour Ettie, la première sonnette vidéo qui prend la température des personnes avant d’ouvrir la porte. Un moyen pour tracer et mieux maîtriser la propagation de la pandémie.
La Smart City sera aussi bien entendu plus « verte » et plus agréable à vivre avec comme mentionné plus haut, une croissance de la micro-mobilité combinée avec une réduction du trafic urbain. C’est ce que l’on appelle la ville du quart d’heure : une ville des proximités, où l’on trouve tout ce qui est nécessaire à quinze minutes de chez soi.
La ville connectée permettra une personnalisation de l’expérience en fonction des habitudes et du profil de chacun, ainsi qu’une optimisation des flux quels qu’ils soient.
On l’oublie peut être mais dans certains pays la question d’accès à l’eau potable représente encore un véritable enjeu. Wedew, est un générateur d’eau mobile capable de produire de l’eau potable à partir de la vapeur issue de combustion de déchets végétaux et animaux. Exaeris Water Innovations, start-up américaine conçoit quant à elle un appareil portable capable de créer plusieurs litres d’eau potable en 24h, à partir de l’atmosphère, et ce de manière complètement autonome.
Et si on monte encore d’un cran, les pays sont plus que jamais amenés à se positionner comme des « plateformes » à part entière. A l’instar du jumeau numérique des bâtiments, l’enjeu sera de tirer le plein profit des données et plus particulièrement de l’open data : avoir les bonnes informations de reporting au niveau de la ville, des métropoles, de la région, etc. Et demain, cela aura également des impacts sur la géopolitique puisque les données sont des ressources comme les autres et à charge des pays de les échanger et de les mettre en valeur. Quid alors de la souveraineté de ces données ou de l’utilisation de celles-ci par différents types de gouvernements…
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