Série Les métiers du numérique
Growth Hacker, l’autodidacte ninja du croissant
Le numérique est un secteur qui continue de créer des emplois : 3% de l’emploi en France, soit près de 800 000 emplois, classés en 820 intitulés de poste et 7 familles de métiers (Source DARES). Ça en fait du monde !
En 2019, près de 9 000 alternants évoluaient dans le numérique – qui compte seulement 27,4% de femmes dans ses effectifs, contre 46,8 % tous secteurs d’activité confondus (Source Talents du Numérique)
Si 85% (Source Dell et l’Institut pour le Futur) des métiers de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui, connaissez-vous bien les métiers, en pleine mutation, du numérique d’aujourd’hui ?
Savez-vous qui fait quoi et quels sont les métiers indispensables, ou non, pour faire avancer une start-up ?
Ce mois-ci, zoom sur le Growth Hacker
Popularisé par Ryan Holiday, ancien directeur du Marketing d’American Apparel, dans les années 2010, le terme de Growth Hacking, littéralement le piratage de croissance, décrit la fonction consistant à doper la croissance d’une entreprise à la fois rapidement et intelligemment.
Pour remonter à la source, il semblerait que le premier Growth Hacker de l’histoire soit Tim Draper, aujourd’hui VC et à l’époque investisseur de Hotmail. Se rendant compte que plus de 80% des nouveaux inscrits avaient entendu parler du service par un ami, il décide d’inclure dans les signatures d’Hotmail la simple phrase :
Le Growth Hack était né ! Hotmail enregistre alors une croissance de plus de 3 000 utilisateurs par jour, et 6 mois plus tard, compte plus d’1 million d’utilisateurs. Simple et efficace.
On trouve des Growth Hackers dans bon nombre d’entreprises d’e-services comme Airbnb, Facebook, Dropbox, Groupon, Instagram, LinkedIn, Pinterest, Twitter, ou YouTube, mais également dans la plupart des entreprises qui ont besoin d’une croissance rapide, en termes de trafic, de revenus, de prospects ou de clientèle. Plus que d’une compétence, il s’agit en fait d’un état d’esprit, une appétence particulière pour l’innovation, les arrangements avec les limites et la création de solutions innovantes.
Le Growth Hacker est-il un métier indispensable à la croissance d’une start-up ?
Très populaire dans les start-up depuis quelques années, le Growth Hacker a en général pour but d’accélérer l’usage d’un service ou d’un produit en augmentant son nombre d’utilisateurs de façon rusée en influent sur des leviers comme les stratégies marketing, les data sciences, ou en améliorant le design du produit par le rajout d’une fonction, par exemple. Avec son regard critique et extérieur aux problèmes de l’entreprise, il cherche aussi à identifier et trouver des solutions pour rendre les process de l’entreprise plus efficaces et optimiser les actions de ses équipes.
Son intervention est indispensable pour tester l’ensemble des canaux online et hors ligne et déterminer quel(s) canal offre la meilleure croissance, qu’il faudra ensuite consolider. Elle reste néanmoins souvent de courte durée, en début de parcours, bien que certaines start-up décident d’avoir recours à un Growth Hacker en continu.
Quelle est la journée type d’un Growth Hacker ?
Selon sa spécialisation, marketing, stratégie, ou management par exemple, la journée d’un growth hacker varie d’un champ professionnel à l’autre mais il existe néanmoins quelques points communs qui ponctuent sa journée :
- Différentes veilles (secteur, concurrentiel, personnes, signaux faibles, prospection etc.)
- L’étude des analytics (de son domaine, de la start-up, comparatifs, reporting etc.)
- La recherche de bases de données pertinentes (scrapping, vérification et tests d’emails, reporting etc.)
- SEO (recherches de mots-clés, test de son propre référencement naturel, création de contenus, etc.)
- SEA* (test des compagnes de référencement payant, ciblage et segmentation des audiences, reporting, etc.)
- Marketing et management des réseaux sociaux (image de marque de la start-up, planification de contenus, construction et gestion de communautés, A/B testing, etc.)
- SMO* (optimisation des taux d’acquisition, etc.)
- SMA* (gestion des campagnes de publicité sur les réseaux sociaux etc.)
- Cold Mailing (recherche de mails et segmentation des audiences, etc.)
- Automatisation de tout ce qui peut l’être.
Cette liste n’est bien sûre pas exhaustive et varie selon la pertinence des outils utilisés, les indispensables à savoir manier étant : IFTTT, Brainstorming, SalesForce, Evernote, Google Suite, Trello, MailChimp, Adwords display, Mention, Woorank, Hootsuite, Data Miner, Google Analytics, et des dizaines d’autres. Une des qualités d’un growth hacker étant justement, en plus de passion et de la curiosité, de tester et trouver les meilleurs outils adaptés à la start-up.
Où trouver un Growth Hacker ?
Sans surprise, il n’existe pas vraiment de formation portant le titre de “Growth Hacker”. Il s’agit d’acquérir à la fois des compétences techniques et marketing, dans des Ecoles de Commerce, des Ecoles Digitales, etc. C’est plus souvent un autodidacte malin qui s’est formé seul sur le tas en proposant des idées créatives auxquelles personnes n’avait pensé auparavant.
Combien payer un Growth Hacker ?
Plusieurs types de facteurs définissent le coût d’un Growth Hacker. En premier lieu son expérience et ses compétences, dont ce qu’il a déjà réalisé et pour quelles sociétés. La structure de la société a également une grande importance en ce qu’elle détermine sa pression financière.
Ainsi, un Growth Hacker junior touchera environ 3 000 € brut par mois.
Senior certains profils experts peuvent prétendre à gagner jusqu’à 6 000 € brut mensuels.
Le Growth Hacker est-il un marketer qui s’ignore ?
Oui, mais non. Avec les mêmes objectifs de croissance de clientèle qu’un marketer, le Growth Hacker s’apparente à ses fonctions et à ses techniques, qui sont parfois très proches. La différence se situe en termes de temporalité et de moyens : le marketer intervient en continu pour mettre en œuvre une stratégie marketing d’acquisition clients qui peut varier dans le contenu mais qui reste pérenne dans le temps. En revanche, le Growth Hacker intervient dans la plupart des cas en mettant en œuvre des stratégies innovantes durant un temps réduit, avec un budget de fait, beaucoup moins important.
*Glossaire
- SEO (Search Engine Optimization) : référencement naturel du site internet. Ce sont toutes les techniques qui visent à améliorer le positionnement d’un site internet dans un moteur de recherche tel que Google
- SEA (Search Engine Advertising) : publicité sur les moteurs de recherche. C’est ce que l’on appelle le référencement « payant ». Cela concerne la publicité diffusée sur un moteur de recherche.
- SMO (Social Media Optimization) : optimisation des réseaux sociaux. Cela comprend toutes les activités visant à développer la visibilité d’une entreprise à travers les médias sociaux.
- SMA (Social Media Advertising) : tous les outils de création de publicité payante sur les réseaux sociaux
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