Un numérique plus vertueux, est-ce possible ?
La Conférence des Parties 2021 (la « COP26 ») se tient à Glasgow jusqu’au 12 novembre. Dans un contexte de crise sanitaire et quelques mois après les conclusions alarmantes publiées dans le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat), ce rendez-vous prend une importance capitale. Il doit permettre de repenser nos usages, notamment en matière de numérique, un secteur dont l’impact écologique ne faiblit guère.
Émissions de gaz à effet de serre, pillage des ressources en matériaux rares, surconsommation énergétique : le temps de l’innocence est révolu pour une industrie du numérique confrontée à un impact écologique grandissant. En 2019, un rapport du think tank The Shift Project estimait que le numérique représentait 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre , soit plus que le transport aérien. En cause, notamment, l’explosion du streaming et des objets connectés qui génèrent des masses grandissantes de données.
La question d’un numérique plus vertueux ne se pose donc plus, surtout si les États veulent réussir à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, objectif affiché de l’Accord de Paris sur le climat. Paradoxalement, il se pourrait même que le secteur de la tech possède la solution aux problèmes que pose son essor. Des innovations permettent en tout cas d’envisager un avenir plus responsable pour le digital.
Vers des data centers plus « green »
L’augmentation exponentielle du volume de données traitées sur les réseaux (1,7 Mo produit chaque seconde, selon le baromètre « Data never sleeps ») nécessite des infrastructures qui voient, elles aussi, leur taille gonfler. Avec un problème majeur : ces data centers géants dépensent énormément d’énergie, au moins 20% de la consommation globale du secteur numérique, toujours selon « The Shift Project » !
Pour réduire leur impact carbone, plusieurs firmes -et non des moindres- se sont d’ores et déjà lancées dans de grands travaux. Facebook a implanté un data center géant à Lulea (Suède), dans le but d’utiliser le froid polaire pour refroidir ses serveurs. À la clé, selon le réseau social, 40% d’énergie en moins par rapport à un centre traditionnel. D’autres, comme Microsoft, ont testé avec succès l’immersion de leurs serveurs dans l’eau dans le cadre du projet Natick.
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C’est d’ailleurs ce même procédé d’immersion qui est au cœur des services proposés par la start-up Neutral IT. Depuis 2012, elle installe des serveurs reconditionnés dans des équipements municipaux et des logements et utilise la chaleur qu’ils dégagent pour chauffer les infrastructures concernées. Résultat : 96% d’énergie revalorisée et un bilan carbone quasi neutre pour l’entreprise.
Des applications pour lutter contre la pollution numérique
En matière énergétique, d’autres solutions sont également possibles : basculer vers les énergies renouvelables (ce qu’a fait Google, qui se fournit désormais à 100% en énergie solaire et éolienne) ou opter pour un système de compensation. Les moteurs de recherche Ecosia ou Lilo proposent ainsi de planter des arbres ou de soutenir des projets environnementaux grâce aux requêtes de leurs internautes.
Mais, pour agir plus directement, des start-up innovent et mettent les technologies digitales au service de la réduction de la pollution… numérique. C’est le cas de Cleanfox qui utilise ses algorithmes pour aider les utilisateurs à vider leurs boîtes mail des courriers ou newsletters jamais ouvertes, et réduire ainsi le volume de données stockées inutilement. S’attaquer à la consommation excessive de données, c’est aussi le credo d’Another Brain. Cette entreprise conçoit une intelligence artificielle dite « organique », inspirée du vivant, qui utilise moins de données et moins d’énergie, tout en étant aussi efficace qu’une autre.
La technologie au service du développement durable
En changeant de paradigme et en intégrant des principes d’écoconception, les jeunes pousses de la tech s’engagent donc à réduire par elle-même leur impact. Et l’avenir ? Ce sera peut-être un stockage débarrassé des contraintes du data center, directement réalisé sur un ruban d’ADN, comme l’envisage, à plus long terme, les chercheurs de la start-up DNA Script.
En attendant, les objets connectés peuvent mettre leur agilité au service d’un monde plus vertueux et d’un consommateur plus conscient de l’impact de ses gestes. De Pimp Up (solution antigaspi) à Hydrao (pommeau de douche qui contrôle le débit d’eau), les initiatives ne manquent pas. Car, quoi qu’il arrive, en matière de numérique, c’est bien l’utilisateur qui a la main sur le destin de la planète.
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