Les Biens en Commun, louer plutôt que posséder des objets du quotidien
Acheter bio, local, de saison, favoriser la seconde main… autant de nouvelles habitudes de consommation qui s’opposent au modèle de la consommation de masse largement favorisé depuis les années 50. Un ancien paradigme jugé aujourd’hui inadapté voire hors sol face au dérèglement climatique et l’épuisement des ressources naturelles auxquels l’Humanité doit faire face.
A l’occasion des Semaines européennes du Développement Durable (17 septembre au 8 octobre 2022) – dont l’objectif est de promouvoir le développement durable dans ses différentes dimensions, de sensibiliser le plus grand nombre à ses enjeux et de favoriser la mobilisation des citoyens – nous vous proposons ce mois-ci de découvrir Les Biens en Commun.
Start-up lyonnaise accélérée par French IoT en 2022, Les Biens en Commun propose une véritable alternative à la propriété, avec un service de location d’équipements du quotidien, via des casiers connectés installés dans les immeubles.
? Le déclic
Convaincu que le modèle basé sur la consommation de masse n’est pas viable et qu’il faut en sortir, Yann Lemoine a toujours eu à cœur de participer à sa transformation.
Né en Afrique et ayant passé sa jeunesse dans les pays en voie développement, il est très tôt sensibilisé aux enjeux du climat et cultive un œil critique sur le modèle économique occidental.
A la fin de ses études en agro-environnement, Yann rejoint EDF et co-pilote un projet international visant à développer une méthode commune à tous les énergéticiens pour mesurer leurs risques liés à l’accès et l’impact sur l’eau. Une première expérience à haute responsabilité et fort enrichissante. Mais une fois terminée, Yann ne retrouve plus de sens dans les missions qui lui sont alors proposées.
Il quitte le groupe pour rejoindre ForCity, une start-up proposant des logiciels prospectifs pour le développement urbain. A la faillite de cette dernière à l’été 2019, il décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale sur la base d’une idée qu’il avait eu quelques années plus tôt chez EDF.
« J’avais depuis toujours envie de faire bouger les choses et d’être acteur du changement », précise Yann. « Mais comment donner envie de changer, sans pour autant contraindre le consommateur ? Il fallait trouver une solution qui était en mesure de réduire concrètement l’impact environnemental, tout en étant meilleure pour les utilisateurs que celles déjà existantes sur le marché ».
C’est en se basant sur les modèles de mutualisation qui sont déjà largement répandus dans la location de vélos et de voitures en libre-service ou encore dans la musique, qu’il fonde Les Biens en Commun en 2020. Après le développement d’un premier prototype de casier installé dans une résidence étudiante, Yann est rejoint par Thomas Koell, ancien Directeur de l’Offre et des Achats chez Aramis Auto, qui s’associe au projet.
? Les Biens en Commun, louer plutôt que posséder des objets du quotidien
Le service proposé par Les Biens en Commun est une alternative désirable à la propriété d’équipements du quotidien. La start-up propose ses casiers connectés à des gestionnaires d’immeubles et lieux de vie. A l’intérieur, des objets accessibles via une application où les résidents peuvent réserver un créneau et payer la location.
La typologie des objets proposés dans les casiers est très variée et peut changer en fonction des souhaits des utilisateurs et du gestionnaire de l’établissement dans lequel ils sont installés : électroménager (aspirateur, défroisseur), appareils de cuisine (mini four, cuit vapeur, mixeur), convivialité (appareil à raclette, gaufrier, barbecue électrique), bricolage (boîte à outils, perceuse, visseuse…), divertissement (molky, rétroprojecteur…), imprimante …
Les Biens en Commun c’est donc la promesse d’avoir accès à des produits de meilleure qualité, moins cher et sans contrainte de stockage, d’entretien ou de réparation.
Avec déjà 4 résidences étudiantes installées, les retours des utilisateurs sont très positifs et aucune plainte sur l’état du matériel ou encore de dégradation / vol n’a été relevé.
« Le service peut se déployer partout : immeubles résidentiels, lieux accueillant du public, collectivités… Il fallait bien commencer quelque part, c’est pourquoi notre choix de développement s’est porté en priorité vers les résidences étudiantes et bailleurs sociaux », souligne Yann. « Les équipements peuvent aussi être différents d’une installation à une autre. Dans un village par exemple on peut imaginer mettre à disposition du matériel de jardinage qu’on ne trouverait peut être pas dans des casiers installés en centre-ville ».
Louer un équipement avec Les Biens en Commun en 6️⃣ étapes
1️⃣ Connexion à la web app, création d’un compte
2️⃣ Accès au catalogue des équipements disponibles
3️⃣ Réservation d’un créneau de location
4️⃣ Paiement
5️⃣ Réception d’un code pour déverrouiller le casier
6️⃣ Utilisation de l’appareil et retour dans le casier en utilisant le même code que pour l’ouvrir
? Et la suite ?
La jeune pousse est animée par une ambition : à 2050, faire de la location une alternative évidente à la propriété. Qu’il soit tout à fait naturel pour les générations futures, de descendre de quelques étages pour récupérer son aspirateur.
Pour y parvenir et démocratiser ce changement systémique, Les Biens en Commun souhaite tester son service de manière incrémentale. Installations à l’échelle d’un quartier – et non plus uniquement d’un immeuble ; les clients de commerces de proximité ; les passants en gares ou en bureaux de poste.
L’équipe est également convaincue que le déploiement ne peut se faire que de manière décentralisée, à l’instar de la location de véhicules/vélos/trottinettes en libre-service.
« On peut imaginer que le service se développe à l’échelle d’un territoire en associant Les Biens en Commun avec des collectivités, des promoteurs, etc. », conclue Yann. « Ou encore que les casiers deviennent une plateforme multi-service : e-conciergerie pour la livraison de produits locaux ou encore pour créer des animations avec des associations locales pour promouvoir un mode de vie plus durable ».
Pour se donner les moyens de ses ambitions, la start-up prévoit une première levée de fonds dès 2023. Affaire à suivre donc, que vous soyez soit un investisseur, gestionnaire ou futur utilisateur ? ☝