Vers une livraison du dernier kilomètre plus collaborative
Décryptage

Vers une livraison du dernier kilomètre plus collaborative

Coûteuse à la fois sur le plan économique (20% du montant total de la livraison) et écologique (25% des émissions de gaz à effet de serre), la logistique du dernier kilomètre est un enjeu crucial, notamment avec l’essor massif et régulier du e-commerce depuis quelques années. Pour répondre à cet enjeu de manière efficace, les dernières innovations misent sur la proximité.

Hausse de 15% du chiffre d’affaires global (qui devrait dépasser les 130 milliards d’euros), mais aussi de la fréquence d’achat (près de 15 par trimestre) ou du nombre de sites marchands  actifs (+13% en un an) : d’après la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), même sans confinement, le secteur du e-commerce n’en finit plus de battre des records. Mais ce dynamisme économique n’est pas forcément bon pour tout le monde : 2 milliards de transactions, ce sont autant de colis à livrer dans des zones dont le réseau routier est déjà largement engorgé.

Cette logistique dite du « dernier kilomètre » -celui qui relie les entrepôts de stockage des marchandises ou les magasins, au client- est un problème bien connu et étudié. Aujourd’hui, elle devient même un enjeu essentiel, dans un contexte où de nombreuses métropoles comme Londres ou Paris mettent en place des plans de restriction de circulation afin de réduire de manière drastique les émissions de CO2 en centre-ville. L’arrivée des points relais, du click & collect a constitué une première vague de solutions. Et, avec l’essor du numérique, de nouvelles offres innovantes voient le jour.

>>> En vidéo : Comment réduire l’impact de la livraison ?

Après la mutualisation, le collaboratif

Depuis quelques années, une série de solutions a vu le jour autour d’un principe : mutualiser les livraisons afin d’optimiser le service. C’est le cas, entre autres, d’Urby qui a déjà tissé son réseau dans plus de 20 métropoles françaises. À côté de ces offres qui proposent souvent des livraisons « zéro carbone » (grâce au vélo, à un véhicule électrique, etc.) depuis la périphérie, on assiste aujourd’hui à une volonté de décentraliser encore un peu plus la livraison en la confiant tout simplement… Au particulier lui-même.

La start-up Welco a construit son modèle sur cette démarche collaborative, ancrée du côté de l’économie sociale et solidaire. Plutôt que de s’appuyer sur un réseau de point-relais chez des commerçants pas toujours concernés par l’activité de livraison de colis, elle s’appuie sur ses « Welkers », autrement dit des particuliers qui vont jouer le rôle de point de collecte et délivrer le colis à leurs voisins, moyennant une petite commission qui peut grimper jusqu’à 250 euros par mois. UPS et Relais Colis font déjà confiance aux 30 000 particuliers-livreurs de la start-up, tandis que Chronopost vient également de lancer une expérimentation. En 2021, plus de 150 000 colis ont été délivrés de cette manière.

>>> Lire aussi : Comment dépolluer le dernier kilomètre de livraison ?

Remettre de l’humain dans la livraison

La promesse d’un relais plus humain se retrouve aussi chez la start-up Tousfacteurs, qui propose une livraison à la demande, plus responsable humainement et écologiquement, à travers la possibilité de solliciter un livreur pour amener le colis du point de collecte au domicile moyennant un supplément de quelques Euros. Un service à la carte, particulièrement adapté aux grandes agglomérations, qui a aussi séduit de nombreux acteurs du secteur (de Chronopost à Mondial Relay).

Faut-il pour autant voir dans notre voisin de palier l’ultime horizon de la livraison du dernier kilomètre ? Rien n’est moins sûr, mais il constitue en tout cas un élément complémentaire de la supply chain qui s’agrège actuellement dans les grands centres urbains. Et, dans un monde où les liens entre habitants des mêmes quartiers se distendent, cette volonté de ramener du lien social constitue aussi une des valeurs ajoutées de ces solutions innovantes.

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