Quels apports pour la blockchain ?
Décryptage

Quels apports pour la blockchain ?

Connue depuis une dizaine d’années, la technologie blockchain suscite l’intérêt de secteurs aussi différents que ceux de la santé, de la finance ou de la grande distribution, autour de la promesse de sécuriser les échanges entre utilisateurs.

Personne ne connait l’identité réelle de l’inventeur de la blockchain (le concept a été publié sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto). Cette technologie constitue pourtant le sujet le plus discuté de ces dernières années en matière de sécurité numérique. D’abord limitée au domaine des cryptomonnaies comme le Bitcoin, elle s’étend progressivement à d’autres secteurs qui espèrent tirer profit de ses atouts. Mettre en place une blockchain permet en effet de sécuriser les transactions et le stockage des données, mais aussi de créer une confiance accrue entre les utilisateurs et de garantir la traçabilité des produits qui y circulent.

Un registre décentralisé

Techniquement, une blockchain (littéralement « chaîne de blocs ») est une base de données distribuée où figurent toutes les transactions réalisées par les utilisateurs depuis sa création. C’est donc un système décentralisé (les données sont copiées et stockées sur tous les ordinateurs interconnectés à la chaîne), mais aussi protégé contre la falsification puisque chaque transaction inscrite dans le registre est partagée entre tous et, donc, vérifiable par tous. Il réinvente ainsi le rapport de confiance en remplaçant l’intermédiaire humain par la technologie.

La première application possible d’un tel système concerne le secteur financier où la promesse de sécuriser les transactions intéresse les banques. Certaines ont d’ores et déjà déployé les solutions de start-up spécialisées comme Utocat ou Blockchain Partner (à qui la Banque de France a confié le projet MADRE). Si la plupart de ces initiatives sont des blockchains privées, elles dessinent un horizon où la technologie permettrait, par exemple, de faciliter les opérations de change et de transfert d’argent entre devises. C’est le sens d’un projet testé par le Crédit Agricole autour de la cryptomonnaie Ripple.

L’initiative Archipels permet, quant à elle, « de tracer l’authenticité des documents et offre ainsi un nouvel outil de lutte contre la fraude pour la banque de détail mais également dans la sécurisation des diplômes, ou encore pour la certification ou attestation diverses », précise Olivier Senot, Directeur du Développement des nouveaux services de dématérialisation chez Docaposte, filiale du Groupe La Poste. Présenté à VivaTech 2019, Archipels est un projet blockchain né d’une collaboration entre EDF, Engie, la Caisse des Dépôts et le Groupe La Poste, renforçant ainsi le fait que les premières applications business de cette technologie seront facilitées par le biais de consortiums entre acteurs certificateurs.

La traçabilité, un enjeu central

De manière générale, tous les secteurs où se pose la question de la certification peuvent être concernés par l’utilisation d’une blockchain. Chaque échange étant daté et inscrit dans tous les registres, les utilisateurs peuvent suivre sa trace depuis sa première apparition dans la chaîne. En 2018, le groupe Carrefour a ainsi testé une solution de suivi des poulets « Filière Qualité », fondée sur une blockchain où chaque acteur (producteur, transformateur, etc.) renseignait les informations de traçabilité. Une assurance pour le consommateur et un gain en termes d’image pour l’enseigne qui déploie désormais le dispositif sur une dizaine de produits.

De la même manière, les laboratoires pharmaceutiques testent ce système pour tracer les médicaments, un enjeu fort dans certains pays où la contrefaçon est très présente. La technologie pourrait également générer des gains de temps et de productivité lors du processus de certification des essais cliniques. Reste à savoir si toutes ces plateformes réussiront à se pérenniser sur un marché qui évolue vite. Selon une étude du cabinet Gartner, d’ici 2021, neuf blockchains d’entreprise sur dix devront être remplacées afin de rester compétitives.

French IoT – Illustration Pixabay.com

Partager