Comment l’IoT peut améliorer le quotidien des malades
Télémédecine, nutrition, maladies chroniques : les technologies connectées permettent de rendre service aux malades en facilitant leur suivi médical. Si cette évolution semble nécessaire, se pose la question de l’efficacité et de la sécurité de ces outils.
Selon le cabinet Research2guidance, près de 100 000 applications mobiles de santé sont apparues dans le monde en 2016. Ce chiffre, en croissance régulière, en dit long sur l’intérêt que suscite le marché. Sa taille est estimée à 3,5 milliards d’euros, en France, d’ici 2020 (cabinet Xerfi).
Le mouvement vers une santé numérique n’est d’ailleurs pas nouveau. Selon Nicolas Vuillerme, membre honoraire de l’Institut Universitaire de France et enseignant chercheur en e-santé et ergonomie à Grenoble, « on sait depuis plusieurs années que cette évolution est nécessaire. Le vieillissement de la population amène une augmentation des pathologies comme les maladies chroniques, cardiovasculaires ou les cancers. Et il y a de moins en moins de médecins généralistes et de personnels pour prendre en charge le suivi ».
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Les wearables, six objets sur dix
De la télémédecine au bracelet connecté, de la prévention au suivi médical, l’émergence du numérique recouvre plusieurs réalités. La première tient en un chiffre livré par une étude de Grand View Research : actuellement, les wearables (bracelets, montres, vêtements…) constituent 60% des ventes d’objets connectés en e-santé.
Faciles à utiliser, leur succès tient d’abord à leur nature : « Ce qui intéresse les gens dans un tracker d’activité, c’est le caractère social. On entretient sa santé et, surtout, on le partage avec son réseau », note Nicolas Vuillerme. Ces objets posent aussi la question centrale de l’observance. « Combien de trackers restent sur une étagère après quelques semaines d’utilisation ? La problématique est la même que pour des dispositifs médicaux. L’utilisateur doit être au centre de la conception de l’objet pour que la solution réponde à un besoin », poursuit Nicolas Vuillerme.
Parmi ces besoins, les maladies chroniques, comme le diabète ou l’asthme, font figure de terrain de prédilection. Avec la gamme Diet Sensor (scanner d’aliments, balance connectée et application mobile), le grand public dispose à la fois d’une aide nutritionnelle et d’un outil de suivi de diabète de type 2 (90% des cas de diabète).
D’autres solutions sont développées sur des thématiques tout aussi spécifiques. Le compagnon connecté Meyko par exemple (lauréate du concours French IoT l’an dernier), traite la question de l’observance du patient sur un mode ludique en rappelant aux enfants asthmatiques de prendre leur traitement.
Innovante aussi, Diabeloop (lauréate de l’édition 2017 du concours French IoT) ambitionne de créer un véritable pancréas artificiel capable de réguler la glycémie et d’adapter la dose d’insuline pour les personnes atteintes de diabète type 1. Actuellement en phase de test clinique sur 35 patients, le produit pourrait être disponible à la fin d’année.
Les données : une question sensible
Si le patient gagne en autonomie et en qualité de vie, le personnel soignant bénéficie aussi de l’essor de l’e-santé. Pour cela, le médecin doit être formé aux nouvelles technologies. « Mon académie, Grenoble, est pionnière en matière de e-santé et de télémédecine. Or, l’expérience montre que, pour qu’il y ait service médical rendu, il faut que tous les acteurs soient autour de la table et comprennent la nécessité de l’outil », souligne Nicolas Vuillerme.
Le cadre légal et la question des données constituent enfin le dernier frein au déploiement de ces technologies. La télémédecine dispose d’un cadre réglementaire depuis 2009. Les données de santé sont protégées par la loi Informatique et Libertés, le Code de santé publique. Une nouvelle réglementation européenne entrera également en vigueur au printemps 2018.
L’enjeu est fondamental : au deuxième trimestre 2016, près de 90% des attaques par « rançongiciel » ont visé des établissements de santé (Ministère de la Santé).
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