L’intelligence artificielle pour améliorer l’usage des médicaments
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L’intelligence artificielle pour améliorer l’usage des médicaments

Le marché de l’intelligence artificielle dans la santé pourrait décupler dans le monde d’ici 2021, selon une étude récente. Et la France n’est pas en reste. Illustration du côté d’Amiens, où la start-up Posos s’en sert pour lutter contre les erreurs liées à la prise de médicaments.

Les personnes qui suivent un traitement médical quotidien -et leurs aidants- le savent mieux que quiconque : l’erreur lors de la prise des médicaments peut vite arriver. Et l’erreur, qu’elle prenne la forme d’une inversion entre les pilules, d’une association malheureuse avec un aliment ou d’un simple oubli, peut entraîner des conséquences graves.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelait ainsi en 2017 que les erreurs médicamenteuses « font au moins un mort par jour aux États-Unis (…) et causent des lésions chez 1,3 million de personnes chaque année ». Elles pèseraient également, toujours selon l’OMS, pour 1% des dépenses de santé au niveau mondial.

Les patients sujets à des traitements lourds ne sont pas les seuls concernés. Tout un chacun se trouvera un jour confronté au besoin de savoir si tel médicament est compatible avec son allergie ou son intolérance, quelle qu’en soit la nature.

C’est pour répondre à ces questions et ainsi réduire le nombre de ces erreurs d’association et de dosage, que la start-up Posos (« posologie », en grec) s’est lancée fin 2017. Son équipe de huit personnes, associée à des pharmaciens, a réussi à mettre au point, en assez peu de temps, une série d’algorithmes capables de comprendre « 95% des questions posées en Français » et de gérer « environ douze milliards de scénarios de réponses à ces questions », se félicite le fondateur de la jeune société, Emmanuel Bilbault. De quoi lui permettre de compter, cette année, parmi les quinze lauréats de la quatrième édition du concours French IoT, organisé par le groupe La Poste.

Renvoi vers les contenus les plus pertinents

Posos s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, laboratoires…). Chacun ses questions, chacun ses réponses. « On ne répond pas de la même manière à tous les besoins, confirme Emmanuel Bilbault. Les patients vont vouloir une réponse simple et fiable alors que les médecins cherchent davantage de littérature scientifique sur un sujet. Le but étant de ne pas être qu’un simple chatbot. »

Pas question ici de diagnostic, mais plutôt de savoir si l’on peut prendre ce traitement le matin ou le soir, l’associer à un verre de vin, s’il y a un lien entre sa prise et des plaques apparues sur la peau… Pas de contenu créé mais un renvoi vers les contenus les plus pertinents. Des réponses simples et fiables mais surtout un gain de temps conséquent : plus besoin de parcourir des dizaines de pages de fiches sur les médicaments en question.

L’intelligence artificielle mise au point par Posos repose sur un système classique de réseaux de neurones artificiels à même de comprendre le sens et le contexte d’une interrogation et d’interpréter les sources capables d’y répondre. Le défi ayant été d’adapter l’IA aux particularités du langage et du contexte médical, « pour lui faire comprendre qu’une femme qui en est à son premier trimestre est enceinte », cite en exemple Emmanuel Bilbault.

Pour ce faire, les étudiants de l’Ecole normale supérieure, de Centrale ou de l’Ecole 42 ont apporté leur concours sur la partie machine learning. A noter que la réponse apportée par un laboratoire à une question précise sera accessible à tous les autres professionnels. La base Posos s’enrichissant ainsi au fur et à mesure.

Intelligence artificielle et santé vont désormais de pair

L’innovation portée par la start-up va est bien dans l’air du temps. Le marché de l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé est appelé à décupler sur la période 2014-2021, selon une estimation récente du cabinet américain Frost & Sullivan (de 634 millions à 6,6 milliards de dollars !).

Intégrée au sein du programme French IoT, avec à la clé, notamment, une présence lors du prochain CES de Las Vegas (janvier 2019), Posos ne compte pas s’arrêter là. « L’idée serait d’être intégrée à l’application La Poste eSanté, où l’on peut déjà mettre ses données de santé. En y intégrant Posos, les utilisateurs pourraient alors accéder à des réponses personnalisées sur tout questionnement qui toucherait au médicament », avance-t-on du côté de la start-up.

Prochaine étape pour Posos, qui compte commercialiser sa technologie auprès d’entreprises de la santé : réussir à proposer une plateforme multilingue, indépendante ou intégrée à une solution existante. Commercialisation prévue « au plus tard » l’année prochaine.

Benjamin Hay – Illustration Pixabay.com

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