IoT et innovation : « La source ne se tarit pas »
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IoT et innovation : « La source ne se tarit pas »

La troisième édition de French IoT bat son plein cette semaine avec la tenue du Bootcamp. Cinq jours d’apprentissage intensif pour les start-up lauréates au cours desquels Vanessa Chocteau, directrice du programme, a fait le point sur l’évolution de l’écosystème français de l’Internet des objets.

Le programme French IoT est entré dans la phase la plus « active » de sa troisième édition. Cette semaine, les quinze start-up lauréates sont réunies dans les bureaux du Hub Institute, à Paris. Au programme, des rencontres avec les représentants des cinq grands groupes partenaires et des sessions de « formation ».  Une première étape au terme de laquelle quatre start-up de la promotion seront désignées pour représenter French IoT au CES Unveiled de Paris, fin octobre.

Le Bootcamp, une semaine d’apprentissage intensif au cours de laquelle Vanessa Chocteau, directrice du programme French IoT, est revenue sur le développement de l’écosystème français de l’Internet des objets.

Le programme French IoT connaît cette année sa troisième édition. Comment percevez-vous l’évolution de l’écosystème français de l’Internet des objets ?

Vanessa Chocteau : On pourrait penser que l’IoT a atteint sa « crête » et qu’il n’y a pas d’autres domaines dans lesquels on peut innover, vu ce qui est exposé tous les ans au CES.

Or l’évolution, c’est que la source ne se tarit pas. Il y a toujours de très belles innovations qui émergent. L’IoT couvre maintenant quasiment tous les domaines, quand il se concentrait principalement sur la santé et la maison connectée. On va aujourd’hui davantage sur la mobilité ou les process internes à l’entreprise.

On voit d’ailleurs dans cette troisième promotion de French IoT qu’il y a des produits innovants dans des milieux un peu plus industriels qui étaient moins « infusés » d’Internet des objets. Ils comptaient déjà beaucoup d’outils de traçabilité, mais qui n’étaient pas forcément connectés à Internet ni instantanés.

En termes d’accompagnement, les start-up ont-elles aujourd’hui toutes les cartes en mains pour réussir ?

Vanessa Chocteau : Elles sont de plus en plus matures et aguerries. C’est grâce aux écosystèmes en régions, aux incubateurs ou à d’autres démarches de la part de grands groupes. Elles bénéficient aussi d’énormément de retours d’expérience des start-uppers qui ont réussi depuis cinq à dix ans, ce qui est une richesse considérable.

Il y a enfin beaucoup d’applications sur lesquelles une start-up peut s’appuyer aujourd’hui pour révolutionner son marketing, la façon de produire ses objets…

La profusion de sources d’information n’est pourtant pas un gage de réussite…

Vanessa Chocteau : Il y a tout à disposition aujourd’hui mais il faut savoir où trouver et bien challenger les informations que l’on nous donne. C’est aussi sur cela que nous accompagnons les start-up, pour leur montrer progressivement quels sont les meilleurs outils du moment, ce qui peut leur simplifier la vie, leur éviter de l’administratif…

Elles reçoivent aussi très souvent des conseils, parfois contradictoires. On essaie donc de faire appel à des mentors, des coaches ou des entrepreneurs qui ont vraiment passé des caps et qui viennent témoigner de ce qui leur a réussi et de ce qui peut être transposable à d’autres.

« Il faut des opérateurs de services »

Qu’est-ce que leur apporte réellement le contact avec les grands groupes ?

Vanessa Chocteau : Premièrement, elles peuvent être l’un de leurs acheteurs ou l’un de leurs clients. Cela vaut aussi pour nous. Un groupe comme La Poste, qui emploie plus de 250 000 personnes et qui utilise beaucoup de matériels roulants pour distribuer les colis peut se porter acquéreur de leurs solutions pour ses propres actifs –matériels, mobilier, personnel…-.

Cela leur ouvre ensuite de nouveaux canaux de distribution. Sur les anciennes promotions, il y avait des start-up orientées vers le grand public qui vendaient aux particuliers dans la grande distribution ou sur des sites web. Elles ont également travaillé avec le groupe La Poste ou avec ses groupes sponsors, ce qui leur a permis d’accéder à de la vente auprès de petits professionnels ou d’entreprises. Tout cela sans avoir à mettre d’investissements complémentaires sur ces nouveaux marchés.

La troisième chose, c’est lorsque l’on arrive à construire des offres ensemble, chacun gardant son propre produit. La Poste a par exemple lancé l’an dernier des tablettes -Ardoiz- pour mettre le numérique entre les mains de tous. Ces tablettes ont été conçues avec une start-up, Tikeasy -qui n’est pas une start-up French IoT-, qui les a configurées pour les rendre faciles d’accès.

Vous nous disiez qu’en matière d’Internet des objets, la source d’innovation ne se tarissait pas. Que reste-t-il à inventer ?

Vanessa Chocteau : Ce qu’il reste à inventer, ce ne sont pas tant les objets, qui sont déjà là. Ce sont plutôt les services qui leurs sont associés. Autrement, ils peuvent vite devenir des gadgets. Pour cela, il faut des opérateurs de services connectés avec de grands donneurs d’ordres.

Dans la promotion cette année, nous avons des start-up qui développent des services notamment dans la santé, par exemple pour faciliter le travail des infirmières au domicile des personnes. Plus c’est connecté directement avec de grands donneurs d’ordres comme les laboratoires d’analyse médicale, avec les hôpitaux, mieux c’est. Il va bien falloir un opérateur pour gérer cet interfaçage entre le lieu public et le lieu de soin, les professions libérales et le patient. Ce qui veut dire être là 24h/24 et 7j/7.

Propos recueillis par Benjamin Hay – Illustration © Sondem – Fotolia.com

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