Groupe RATP : l’IoT pour répondre à la demande d’information croissante des clients voyageurs
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Groupe RATP : l’IoT pour répondre à la demande d’information croissante des clients voyageurs

Avec 16 millions de passagers transportés chaque jour dans le monde, le groupe RATP entend bien s’adapter à l’évolution des modes de déplacement de Français toujours plus mobiles et connectés.

Les Français sont toujours plus nombreux, les yeux rivés sur leur smartphone, à profiter des nouvelles technologies pour améliorer et simplifier leurs trajets du quotidien.

Les opérateurs l’ont bien compris et l’essor de l’Internet des objets est une opportunité pour eux de s’adapter aux changements des modes de déplacement de la population.

Le groupe RATP est partenaire pour la première fois du concours French IoT (il co-sponsorise la catégorie Transport & Mobilité individuelle avec la Maif). Un double intérêt pour lui, selon son responsable Connectivité et Internet des objets, Thomas de Lacoste : « Cela nous permet de rencontrer à la fois d’autres groupes avec lesquels on peut confronter nos approches sur l’open innovation et des start-up qui n’auraient pas forcément touché nos canaux habituels. »

French IoT : Pourquoi le groupe RATP s’intéresse-t-il à l’Internet des objets ?

Thomas de Lacoste : L’IoT permet de connecter plus facilement des équipements et des objets en se passant des câbles et de toutes les contraintes techniques dont nous avons hérité de systèmes anciens.

Il offre aussi la possibilité d’apporter de nouveaux services à nos clients, dans des environnements industriels complexes, avec des règles de sécurité très exigeantes.

Fr.IoT : S’agit-il de quelque chose de nouveau pour l’entreprise ?

T.L. : Non ! Nous nous intéressons aux nouvelles technologies depuis vingt ou trente ans. Quand on prend un escalier mécanique, un ascenseur ou même lorsque l’on met son ticket dans une machine, on a recours à de l’IoT, car ce sont en réalité déjà des équipements connectés.

C’est connecté via un fil, il y a des alarmes, on sait exactement comment le matériel se comporte : c’est de l’IoT old school. L’IoT nouvelle génération, sans fil, c’est en revanche quelque chose sur lequel on commence à travailler.

Fr. IoT : Quel regard portez-vous sur l’écosystème IoT ?

T.L. : Il est en mesure d’être très innovant, avec des approches parfois très différentes des nôtres. La RATP va avoir une vision très macroscopique, très portée sur les systèmes, alors que les start-up vont apporter des solutions plus légères, plus souples et plus faciles à mettre en œuvre. A nous de les intégrer dans nos process, mais elles y seront peut-être plus rapides à développer que ce à quoi nous avions pensé.

« Être ouverts à l’innovation, dans tous les cas »

Fr.IoT : Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous face aux start-up : vous savez ce que vous cherchez ou vous êtes ouverts à tout ?

T.L. : L’open innovation est clairement un levier pour nous aider à construire la mobilité de demain, pour enrichir les services que nous offrons aux voyageurs. Nous avons deux approches complémentaires vis-à-vis des start-up. Soit on se laisse guider et on répond aux sollicitations -nombreuses- que l’on reçoit. Dans ce cas, on s’efforce de comprendre l’offre des start-up afin de les mettre en relation de la manière la plus rapide et pertinente possible avec les opérationnels du groupe RATP.

Soit on peut formuler un problème précis via notre réseau opérationnel et aller chercher des réponses dans le programme French IoT, notamment. Mais dans ce cas, il faut se laisser surprendre, car il est possible de résoudre des problèmes différemment de ce que l’on aurait pu imaginer.

Il faut dans tous les cas être ouverts et ne pas rester cloisonnés sur nos problématiques.

Fr.IoT : Chacun enrichit donc un peu l’autre ?

T.L. : Oui ! Le temps où l’on pensait que l’innovation était le seul fruit d’une étincelle dans le cerveau d’un individu est derrière nous. L’innovation ne peut pas être que spontanée et reposer sur les talents individuels, elle passe avant tout par la confrontation des idées et des modes de pensée. De par les différences dans leur taille, leur organisation, leurs processus de décisions, la collaboration entre grosse entreprise et start-up est très vertueuse.

Ce qui est très intéressant dans ce que nous faisons -et dans ce que les start-up font-, c’est de voir comment les innovations peuvent s’intégrer à nos systèmes, comment on peut réaliser leurs cas d’usage…

Les start-up sont aujourd’hui, probablement, plus à l’écoute et ont une capacité accrue à se mettre à notre place pour mieux comprendre nos problématiques. Nous progressons aussi dans ce domaine, en mettant en place ce pont entre nous le plus vite possible.

L’idée, c’est qu’à partir de nos deux entités, nous puissions trouver le moyen de nous réunir et de travailler ensemble, dans l’intérêt de nos clients.

Fr.IoT : Qu’est-ce que l’IoT peut apporter à la RATP ?

T.L. : Dans le cadre du concours French IoT, nous avons orienté nos problématiques vers des projets industriels, qui répondent à nos besoins notamment autour de la maintenance des infrastructures.

Parmi les start-up qui ont été retenues, il y en a une, par exemple, qui propose une solution pour faire de l’analyse de défaut ou de pannes à partir du bruit. C’est quelque chose qui peut être très intéressant pour nous car cela permet de détecter des défauts que, visuellement ou par certaines analyses, on ne pouvait pas observer.

Autre collaboration réussie, c’est une start-up qui va nous aider à mieux processiser nos tâches d’inspection en utilisant de la vidéo pour faire de la reconnaissance d’images, de photos et de pictogrammes pour voir si l’on respecte bien la règlementation.

Tout cela constitue des services qui vont contribuer à simplifier et automatiser certaines tâches manuelles.

Fr.IoT : Les clients de la RATP mesurent-ils la valeur ajoutée que peut représenter l’IoT pour leurs déplacements quotidiens ?

T.L. : Ils commencent clairement à le voir, dès lors que nous avons commencé à introduire des informations en temps réel, par exemple le temps d’attente sur les quais ou en arrêt de bus.

Les clients ont conscience que l’on est capables de leur donner de l’information au plus proche d’eux et ils en demandent encore plus. Surtout qu’ils perçoivent que, dans bien des domaines, il y a de plus en plus de données en temps réel qui remontent dans leur quotidien et auxquelles ils peuvent accéder par leurs propres moyens.

Fr.IoT : Y’a-t-il encore de la marge pour innover sur le secteur des transports en commun ?

T.L. : Énormément, ne serait-ce que parce que l’on a des gisements de données colossaux dont on pourrait encore optimiser l’exploitation pour faciliter la vie de nos voyageurs. L’IoT va nous y aider.

On sait par exemple que le fait qu’une rame ou un bus soit bondé est irritant pour nos clients. On pourrait conseiller aux gens de prendre le suivant où il y aura moins de monde que dans le prochain qui est déjà plein. Pareil pour une rame, pour que les voyageurs se répartissent mieux entre les voitures.

Propos recueillis par Benjamin Hay – Illustration © Ekaterina Pokrovsky – Fotolia.com

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