Comment la ville de demain va optimiser la gestion des déchets
Maîtriser la propreté des rues et des espaces publics est devenu un enjeu prépondérant pour les communes. Entre attractivité économique et bien-être des habitants, une ville qui sait gérer les déchets améliore son image et les technologies connectées peuvent l’épauler dans cette démarche.
Le Govtech Summit, qui se tient à Paris ce 12 novembre, va explorer l’ensemble des solutions technologiques qui vont améliorer la ville dans un futur proche. Il se déroule dans un contexte où la part des investissements consacrés à la propreté dans le budget des communes est souvent conséquente : 4,5 millions d’euros à Bordeaux, 8 millions à Metz, voire 500 millions à Paris. La gestion des déchets urbains n’est en effet pas seulement une affaire d’image, mais aussi d’attractivité économique et d’impact environnemental. En permettant de repérer les poubelles qui débordent, les capteurs connectés offrent déjà une solution performante à la question du ramassage des ordures ménagères, mais l’intelligence artificielle peut aussi fournir une aide précieuse dans l’organisation du nettoyage de la voirie.
Caméras embarquées
Cortexia propose ainsi d’analyser la propreté du milieu urbain afin de mieux adapter les moyens. Pour cela, Andréas von Kaenel, cofondateur avec André Droux de cette start-up suisse (lauréate du concours French IoT cette année), s’appuie sur un outil : « Nous avons travaillé avec la commune de Zurich qui, à l’instar d’une ville pionnière comme New York, développe depuis 15 ans un indice de mesure de la propreté. On peut agir de différentes manières sur le nettoyage, mais sans outil d’évaluation, il n’y a pas d’amélioration possible. » Les deux hommes s’inspirent donc de l’indice zurichois pour bâtir le « Clean City Index » qui mesure de manière objective l’état des rues.
Viennent ensuite les machines. Cortexia équipe les véhicules de voirie de caméras qui repèrent et comptent les différents déchets (mégots, papiers, etc.) présents dans les rues. Chaque zone nettoyée se voit ensuite attribuer un indice qui montre si elle est trop, pas assez ou suffisamment propre. Mais, au fait, c’est quoi une ville bien nettoyée ? « Tout l’enjeu et l’intérêt d’avoir un outil de mesure se situe là. Aux États-Unis, des études sociologiques ont montré que la notion de propreté n’avait aucun rapport avec les origines des habitants ou leur milieu social, mais qu’elle était profondément liée à un indice d’évaluation quand il est présent », souligne Andréas von Kaenel.
« 50 euros par habitant » pour nettoyer les rues
Dans un contexte où les efforts consentis en termes d’effectifs et d’investissements financiers ne payent pas toujours, Cortexia permet de cibler les zones à nettoyer pour mieux répartir les moyens. « On estime, en moyenne, que le coût du nettoyage des rues s’élèvent à 50 euros par habitant. À Zurich, l’utilisation d’un tel système permet 10% d’économies chaque année », indique Andréas von Kaenel. De quoi susciter l’intérêt de nombreuses communes en Suisse, mais aussi en France où des villes comme Marseille et Toulouse ont participé à la phase de développement du projet.
Au-delà des économies budgétaires, la perspective d’une ville sans déchet a aussi un intérêt en termes de bien-être pour les habitants ou d’attractivité touristique. « Une ville comme Antibes, par exemple, a clairement placé la propreté en tête de ses préoccupations car son développement reste lié au tourisme. Plus largement, avoir une ville dont l’indice de propreté est bon constitue un atout majeur lorsqu’il s’agit d’attirer de grandes entreprises » analyse Andréas von Kaenel. Une chose est sûre : les grandes manœuvres autour des technologies de la « clean city » ne font que commencer.
Romain Carlioz – Illustration Pixabay.com