Comment la crise sanitaire a transformé les start-up
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Comment la crise sanitaire a transformé les start-up

Avec une augmentation de 3% au troisième trimestre 2021, le PIB de la France a retrouvé son niveau de 2020, avant que la pandémie ne mette toute l’économie a l’arrêt. Mais, si le souvenir de la crise s’éloigne, la période n’en a pas moins marqué durablement les entreprises et notamment les start-up.

Une jeune pousse est-elle forcément fragile face à l’arrivée d’une grave crise mondiale ? Si l’on en croit les chiffres publiés par le cabinet EY, la réponse est « non ». L’écosystème français des start-up du numérique a même particulièrement bien résisté en 2020, générant pas moins de 7 milliards de revenus, soit une croissance de 15% de son chiffre d’affaires global. Au-delà de l’agilité, caractéristique essentielle de toute start-up, les raisons d’une telle résilience sont multiples. Adapter le produit, repenser sa croissance, cibler de nouveaux marchés : chaque entrepreneur a su garder une approche personnelle de la pandémie. Nous en avons donc interrogé six afin de mieux saisir les choix qu’ils ont opéré pendant cette crise, et la manière dont elle les a transformés.

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Philippe Lebas, CEO Airudit

« Pour nous, la crise est arrivée à un moment d’effervescence : nous revenions du CES de Las Vegas avec de nombreux projets et un calendrier énorme. Toute cette euphorie est retombée d’un coup. Il a d’abord fallu élaborer des plans de secours pour travailler, mais on s’est vite dit qu’il fallait profiter de ce moment pour repenser notre croissance, se projeter. C’est ce qu’on a fait en structurant Airudit autour de différentes directions – produit, projet et R&D – en mettant les bonnes personnes aux bonnes places et en passant de 7 à 17 salariés. En quelque sorte, cela nous a permis de mûrir, de passer de l’enfance à l’adolescence. »

Stéphane Daucourt, CEO Team 8

« La chance a fait qu’au moment où la France était confinée, j’étais à Taïwan, le seul endroit du monde où il n’y avait aucune contamination. On avait déjà posé des jalons là-bas, dès 2018, où Team8 avait intégré des accélérateurs locaux. Cela faisait partie d’une réflexion sur la façon de faire pivoter notre activité du hardware vers le software, en développant non plus une montre connectée, mais un système d’exploitation dédié aux enfants que les parents pourraient installer sur leur vieux smartphone Android. À Taïwan, il y a tous les partenaires qu’il nous faut pour développer cette solution et on a pu progresser. S’y rendre au début de la crise était un pari, mais, parfois, ça paye de prendre des risques. »

Serge Payeur, cofondateur SIL-LAB Innovations

« Nous développons une solution qui accompagne les laboratoires dans le traitement des prélèvements au domicile du patient. Nos produits pouvaient donc être utiles dans le cadre d’une crise comme celle-ci, mais la question était : comment s’adapter ? Cela s’est fait en plusieurs temps, au fil des vagues successives, afin d’aboutir à Fast COVID, une plateforme qui permet au patient de se présenter à son prélèvement en ayant déjà rempli sa fiche de renseignements, ce qui réduit considérablement les files d’attente. Une telle expérience a permis d’asseoir notre vision d’entreprise, centrée sur l’ambition d’amener le laboratoire partout, auprès de nos clients. »

Théophile Gonos, fondateur A.I. Mergence

« Quand on développe une start-up, on a un peu la tête dans le guidon. De ce point de vue, la pandémie a été bénéfique pour nous parce qu’elle nous a permis de faire une vraie pause théorique. Je m’aperçois qu’on a gagné un temps précieux, notamment sur la question de l’industrialisation – qu’on ne s’était jamais posée alors que cela reste une étape majeure. On a interrogé d’autres entreprises, réaliser des études, ce qui nous a permis d’imaginer de nouvelles fonctionnalités à notre produit. À la sortie, on s’ouvre de nouveaux marchés et on est prêt à réaccélérer. Tant mieux, car la crise a levé des freins chez nos clients potentiels et il y a une vraie effervescence autour de la robotique. »

Valentin Gauffre, cofondateur Atmotrack

« La crise a validé les choix importants qu’on avait fait, notamment notre décision initiale d’avoir un produit totalement « made in France ». Pendant les confinements, notre temps de production n’a même pas augmenté d’une semaine, un vrai atout pour les clients qui nous avaient fait confiance, comme la région Île-de-France. Cette crise nous a aussi conforté dans la dynamique, entamée fin 2019, de recentrage sur la France et l’Europe, alors que, pendant longtemps, j’ai travaillé à notre implantation en Chine.

Aujourd’hui, les collectivités territoriales ont compris que la santé environnementale était un enjeu primordial, et elles sont prêtes à accueillir notre solution. »

Marc Riedel, CEO AUM Biosync

« Dès le début du confinement, nous avons vu que l’intérêt pour nos solutions ralentissait. On a donc décidé d’avancer nos démarches pour une levée de fonds. AUM Biosync avait connu une belle exposition à travers le prix « 10 000 start-up pour changer le monde » et on a pu lever 3 millions d’Euros auprès de fonds à impact qui partagent notre vision du monde. Ensuite, on a pu valoriser une de nos technologies : un algorithme qui permet d’optimiser les effectifs en cas de crise et qui s’avère particulièrement utile dans un moment comme celui que nous vivons.

Forcément, le coup de projecteur sur l’état de santé des travailleurs de nuit pendant la crise accompagne la visibilité de nos solutions. Mais, en tant qu’entreprise, on a surtout gagné en professionnalisme et en écoute de nos clients. »

Quelle que soit la manière avec laquelle elles ont eu à traverser la crise sanitaire (temps de réflexion, de structuration, de recentrage, lancement de nouveaux services…), toutes ces jeunes pousses ont su faire face aux défis qui leur étaient imposés. Et toutes en sont sorties grandies.

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