Leur bague connectée à tout faire les mènera à Las Vegas
Entretien avec Fabien Raiola, co-fondateur d’Icare Technologies, lauréat du concours French IoT cette année, qui développe une bague connectée à tout faire (clés, moyen de paiement…). Il raconte le parcours qui le mènera, lui et Jérémy Neyrou, au prochain CES de Las Vegas.
La route est longue entre la Corse et les montagnes du Nevada, aux États-Unis. C’est pourtant le chemin accompli par Fabien Raiola et Jérémy Neyrou (24 et 23 ans), co-fondateurs de la start-up Icare Technologies qui, lauréats du concours French IoT cette année, présenteront leur innovation en janvier lors du CES de Las Vegas.
Leur création ? Une bague connectée capable de se substituer aux clés de voiture, à la carte de transports ou de servir de moyen de paiement sans contact. “Une bague avec laquelle on a tout sur soi”, insiste Fabien Raiola, qui nous en dit plus sur le parcours de ces deux jeunes entrepreneurs dont la commercialisation du wearable est prévue pour novembre 2017.
French IoT : Comment vous est venue l’idée de développer une bague connectée ?
Fabien Raiola : Ça remonte à cinq ans. Jérémy (Neyrou, le second cofondateur de la startup, ndlr), était à la plage. L’une de ses amies avait perdu ses clés de voiture dans le sable. En Corse, on ne capte pas toujours bien le réseau téléphonique et il y a peu de transports en commun. Dans un cas comme ça, si vous ne retrouvez pas vos clés, vous êtes ‘chocolat’.
Heureusement, elle les a retrouvées. Mais ça a fait naître l’idée d’un objet qui permettrait d’avoir tout sur soi tout le temps. Un objet qui puisse servir de clés de voiture, de carte de crédit/débit, de carte de transports ou de clés de la maison.
French IoT : Vers qui vous êtes-vous tournés pour que le projet prenne corps ?
F.R. : Les structures publiques, en Corse. Nous avons intégré l’incubateur Inizia et nous nous sommes tournés vers un cabinet à-même de faire des études de marché. Ce qui nous a ouvert beaucoup de portes.
On nous a dit qu’il y avait une appétence pour ce type de produits mais que le défi technologique était majeur. Ça nous a questionné beaucoup, notamment sur ce à quoi on voulait que notre objet ressemble.
French IoT : Aviez-vous déjà une idée précise de ce que vous vouliez faire ?
F.R. : A la base, nous avons pensé à un bracelet. Mais tout était déjà breveté et son utilisation risquait de ne pas être intuitive. L’étape d’après, c’était la bague.
On a regardé ce qui était “sympa” comme types de bagues. Nous avons été en contact notamment avec Philippe Starck et été approchés par LVMH, qui a trouvé notre projet sympa car simple. Nous avons d’ailleurs appris il y a quelques jours que Givenchy voulait nous également nous rencontrer.
French IoT : A quelles difficultés faites-vous face ?
F.R. : La Corse n’est pas la plus fertile des terres pour l’innovation, mais dès qu’un projet sort un peu du lot, tout le monde vous aide. Nous avons eu des soutiens de partout, tous les organismes locaux nous ont donné un coup de main. Et ça, c’est motivant.
French IoT : Début 2016, vous vous êtes singularisés en produisant une web série racontant vos débuts d’entrepreneurs. Pouvez-vous nous raconter ?
F.R. : Nous avions gagné un concours en Corse (le Prix Pépite, dont Icare Technologies a ensuite été lauréat national, ndlr). La récompense était le tournage d’une vidéo publicitaire. Or, à l’époque, cela ne nous servait à rien. Comme il y avait déjà une mode pour les Youtubeurs, on a demandé aux organisateurs si l’on pouvait, à la place de la pub, crée un podcast par mois.
Ils ont trouvé ça original et nous avons donc tourné une dizaine de vidéos, pendant près d’un an. Ça a fait parler de nous et donné un visage humain au projet.
French IoT : Revenons sur votre innovation. Une bague connectée, ça sert à quoi ?
F.R. : A offrir une nouvelle “expérience de vie” à son utilisateur, qui est capable de tout faire avec sa bague à partir d’un simple geste : démarrer sa voiture, effectuer un paiement…
Équipée de technologies NFC et RFID, cette bague identifie personnellement son utilisateur et dispose d’un système antivol breveté qui la rend totalement inactive lorsqu’elle est portée par une tierce personne.
French IoT : Y’a-t-il un besoin de ce type d’objet ?
F.R. : A partir du moment où vous démontrez que son usage est utile, le besoin se crée, comme pour les premiers smartphones à leur lancement.
Par nature, le Français n’est pas très ouvert au changement. Le paiement sans contact, par exemple, s’est développé sur le tard, mais on y vient. Le schéma est le même pour les wearables.
French IoT : La participation au concours French IoT, votre présence à Las Vegas en janvier pour le CES… Qu’en attendez-vous ?
F.R. : La sélection pour French IoT est quelque chose de très flatteur, c’est un honneur. La semaine que nous avons passé au bootcamp, ça n’a pas de prix.
Le CES, lui, nous apportera un peu de notoriété et nous permettra de continuer à prospecter. Et puis, moi qui suis originaire d’un village en Corse, présenter un projet à Las Vegas, c’est une opportunité énorme. On ne réalise pas, mais on a tellement hâte d’y être…
Propos recueillis par Benjamin Hay – Illustration Facebook/Icare Technologies