Quelle définition pour la start-up ?
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Quelle définition pour la start-up ?

La France, qui ambitionne de devenir une « start-up nation », compte un écosystème touffu de ces jeunes entreprises innovantes. Dont il est parfois difficile de cerner un profil-type.

Elle est désormais sur toutes les lèvres. Le président de la République, Emmanuel Macron, affiche lui-même la couleur depuis déjà plusieurs mois : la France doit devenir une « start-up nation ». Et réussir à devenir une fabrique à champions des nouvelles technologies, capables de s’imposer sur la scène internationale.

Le dynamisme de l’écosystème français, porté par l’étendard de la French Tech, notamment lors du CES de Las Vegas, en fait pour beaucoup un symbole d’une « France qui gagne».

L’Hexagone compterait environ 10 000 start-up. Des structures dont les contours ne sont pas toujours simples à définir. « La question de la définition de ce qu’est une start-up est bonne car on a tendance à y inclure tout et parfois n’importe quoi », explique Yoann Hébert, fondateur de la société Netapsys et président du club d’investissement du Moovjee, le Mouvement pour les jeunes et étudiants entrepreneurs.

Selon lui, le concept est bien défini, assez clair « et n’a pas changé sur ses fondamentaux » : la start-up est « une entreprise qui a des perspectives de forte croissance, qui s’appuie sur l’innovation et qui a des besoins de financement importants ». Seule évolution : « La notion d’innovation. Avant, on ne parlait que d’innovation technologique alors que désormais, une start-up innove aussi sur de l’usage, de l’approche client, du process commercial… »

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« Effet start-up » : tout le monde veut en profiter

Par ailleurs, la start-up séduit. Elle a bonne presse, symbole de réussite rapide, d’idées neuves qui améliorent le quotidien de la société. Un Français sur deux se dit intéressé pour y travailler, à en croire un sondage Ifop-Fiducial pour France Digitale, publié l’an dernier.

Sa bonne image inciterait alors y accoler l’étiquette « start-up » sur des sociétés qui n’en remplissent pas les critères. Dans un contexte « où l’entrepreneuriat en France est devenu très porteur », selon Yoann Hébert, tout le monde veut profiter d’un certain « effet start-up ». « Ça fait bien, d’être une start-up, c’est plus valorisant que de dire que l’on lance une PME, confirme-t-il. C’est le cas de nombre de sociétés dans lesquelles nous investissons, qui n’ont pas les critères d’une start-up, ce qui n’enlève rien à leur succès mais qui est un peu dommage, car on risque ainsi de dévaloriser l’image de la start-up en cas d’échec de la société. »

Si cela ne rebute pas les investisseurs, qui savent s’entourer de toutes les précautions possibles avant de se lancer dans l’aventure d’une jeune entreprise, le grand public, lui, peut se perdre dans cette forêt de structures innovantes. « Tout cela peut galvauder l’image de l’écosystème auprès de la population, pour qui la start-up c’est Facebook ou Google, même s’il adhère de plus en plus aux succès de la French Tech, commente Yoann Hébert. L’image de succès économique que véhicule la start-up auprès du grand public participe aussi, quelque part, au sentiment d’une économie à deux vitesses qui est accentué par l’exagération que l’on fait parfois de l’image de la start-up. »

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Une voie prisée dans les grandes écoles

Les start-up sont aussi porteuses d’emploi. Une étude du cabinet Trendeo, parue en début d’année, laissait apparaître que les start-up françaises avaient créé 11 149 emplois directs en 2017 (contre 10 968 en 2016). Soit 12% des créations nettes dans le pays l’an dernier.

« Dans les grandes écoles, dans les années 2000, les options les plus demandées et la sortie royale étaient soit d’intégrer une entreprise du CAC40, soit un cabinet ministériel. Il s’agit aujourd’hui de l’entrepreneuriat, note Yoann Hébert. La plupart de ces écoles ont d’ailleurs créé leur incubateur et lancé une communauté de start-up. »

La question de la définition n’a, en tous cas, pas fini d’être posée. A l’occasion du dernier salon Viva Technology, il y a quelques jours, le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, annonçait la création du « Next40 ». Le Cac40 des start-up. Reste à savoir quels seront les critères pour y entrer.

Benjamin Hay – Illustration © Stanislav – Fotolia.com

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