Pourquoi y a-t-il si peu de licornes en France ?
Décryptage

Pourquoi y a-t-il si peu de licornes en France ?

Les licornes françaises sont désormais sept et permettent à l’Hexagone de rattraper un peu son retard en la matière. Malgré tout, on peut se demander pourquoi il y a toujours aussi peu de licornes en France ? Vice-président du Conseil national du numérique, Gilles Babinet nous donne quelques pistes de réflexion.

Aujourd’hui, dans le monde bouillonnant des start-up, le leadership des États-Unis et de la Chine semble incontestable. Outre-Atlantique, les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft) dominent le secteur des nouvelles technologies. Idem en Chine, même si les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) sont généralement moins connues des Occidentaux. Toutes ces sociétés sont des titans, une catégorie d’entreprises dont la valeur est estimée à plus de 50 milliards de dollars ! De quoi faire rêver… Car l’Europe accuse, elle, clairement un retard, même si les statistiques récentes tendent à démontrer une certaine embellie. Seules dix-huit start-up du Vieux-Continent valent plus de cinq milliards de dollars en 2019 (selon une étude publiée par G.P. Bullhound).

Le nombre de licornes se situe lui à 84. En France, en 2019, on dénombre à peine sept licornes, soit tout de même trois de plus qu’en 2018. Aux côtés de Veepee (ex-Vente-privee.com, vente événementielle en ligne), de BlaBlaCar (plateforme communautaire de covoiturage), d’Ivalua (édition de logiciels applicatifs), et d’OVHcloud (ex-OVH, services de cloud computing), trois sociétés bien connues -Deezer (distribution de musique en streaming), Doctolib (gestion en ligne de rendez-vous médicaux), et Kyriba (gestion de trésorerie)- ont rejoint le cercle encore très restreint des licornes tricolores.

Mais alors comment peut-on expliquer cet échec stratégique en matière de développement des start-up en France ?

>>> Lire aussi : Grands groupes et start-up : les clés d’Alex Osterwalder

« Mauvaise maîtrise de l’anglais »

Pour Gilles Babinet, cette situation résulte de la conjugaison de plusieurs problèmes. « Il y a tout d’abord la culture de la prise de risque. Une culture finalement assez provinciale, très répandue en France, qui semble évidente lorsque l’on revient de voyage après quelques semaines à l’étranger », résume l’entrepreneur français et vice-président du Conseil national du numérique. « Dans le même esprit, on note une particulièrement faible polyculturalité des fondateurs de start-up. Pour ainsi dire, toutes les licornes françaises -sauf OVHcloud- ont été fondées par des Français ». L’auteur de Transformation digitale : l’avènement des plateformes (éditions Le Passeur) relève également des défauts plus structurels : « On a globalement une mauvaise maîtrise de l’anglais, même chez les diplômés d’HEC et consorts. »

Les Français mauvais en langue : la lacune n’est pas nouvelle, mais semble toujours faire autant de dégâts, y compris au plus haut niveau. « On note également un vrai déficit de compétences dans les CV. Pour ainsi dire, aucun fond n’a été créé par des entrepreneurs ». Parmi les autres entraves au bon développement des start-up françaises, Gilles Babinet énumère encore « l’absence de vrais clusters réunissant les universités, les start-up et les grandes entreprises », ou encore « le faible financement de l’innovation de rupture type Darpa », pour Defense advanced research projects agency, l’agence d’innovation de rupture du Département de la Défense américain. « C’est ce qui explique qu’un pays comme l’Estonie, avec ses 1,5 million d’habitants, ait trois ou quatre licornes, tandis que le Royaume-Uni, malgré ses 65 millions de Britanniques, n’a que 18 licornes ».

Soit toujours onze de mieux que la France, pour une population totale de taille similaire.

>>> Aller plus loin : Start-up, soignez votre image de marque !

French IoT – Illustration Shutterstock.com

Partager