IoT et automobile : le mariage de raison
Mondial de l'auto 2018
Décryptage

IoT et automobile : le mariage de raison

Le Mondial de l’auto 2018, qui se tient jusqu’au 14 octobre à Paris, fait la part belle aux innovations technologiques qui affluent dans l’industrie automobile. L’occasion de faire le point.

Les routes qui accompagnent le développement des secteurs de l’automobile et de l’Internet des objets ne pouvaient que finir par se rejoindre. A l’heure où l’évolution de la mobilité est au cœur des débats (la loi d’orientation des mobilités doit être présentée en Conseil des ministres courant octobre), s’est ouverte la 120e édition du Mondial de l’auto, à Paris, Porte de Versailles (jusqu’au 14 octobre).

Parmi de nombreuses nouveautés, cette année, la tenue d’un « Mondial Tech », où 64 start-up du monde entier présentent leurs innovations pour le secteur auto. Ou encore l’organisation… du CES Unveiled, évènement bien connu des start-up de l’Internet des objets, préalable français au grand show de Las Vegas (8 au 11 janvier prochains). Son patron, Gary Shapiro, a d’ailleurs fait le déplacement au Parc des expositions.

Tour d’horizon, en quelques points-clés, de ce qui illustre le mieux l’union entre nouvelles technologie et automobile :

Voiture autonome : le symbole

C’est la vitrine la plus célèbre de la rencontre entre auto et nouvelles technologies. La voiture sans conducteur, objet futuriste par excellence depuis des décennies, prend forme réelle au fil que les semaines passent. Les expérimentations les plus retentissantes ont lieu aux États-Unis, où les géants de la nouvelle économie se sont rapidement saisis de la question (Google, Amazon, Uber…).

En France, ce sont d’abord les transports en commun qui ont franchi le pas (à Paris, la RATP avec des navettes autonomes sur circuits semi-ouverts à la circulation, notamment). Le gouvernement travaille actuellement à l’adaptation des routes à l’arrivée de ces voitures sans conducteur, même si, a priori, il faudra attendre encore un moment avant que monsieur-tout-le-monde ne puisse consulter ses mails sans tenir le volant.

Le cadre réglementaire n’est pas encore vraiment mis en place et des contraintes techniques subsistent encore. Grâce à l’intelligence artificielle, la voiture autonome doit en effet pouvoir suivre un trajet seule, éviter les obstacles et réagir immédiatement en cas de danger. En clair : apporter confort et sécurité à ses passagers, en toutes circonstances, en communiquant aussi bien avec les autres véhicules qu’avec l’infrastructure (lire par ailleurs).

Selon le cabinet d’études américain McKinsey, les véhicules autonomes représenteront 15% du parc automobile mondial en 2030.

>>> Lire aussi : Capteurs IoT : un marché à 48 milliards de dollars en 2023 ?

Objets et innovations connectés : le futur… dès aujourd’hui

En attendant l’arrivée de voitures particulières 100% autonomes, les constructeurs, équipementiers et start-up rivalisent d’idées pour que nos véhicules actuels deviennent de plus en plus smarts.

Au-delà de la connectivité intégrée à la voiture (GPS, connexion avec les appareils type smartphones, aides au stationnement, bouton d’appel d’urgence…), on trouve les objets et innovations connectées « extérieurs » au véhicule. Citons par exemple Drust, lauréat du concours French IoT 2018, qui propose une plateforme d’intelligence automobile qui permet aux assureurs et aux constructeurs auto d’améliorer le comportement de conduite de leurs clients « en les transformant en superdrivers ».

Côté objets, ce sont les pneus connectés, mis au point par Michelin. Testés, pour le moment, lors de courses automobiles, leurs capteurs intégrés permettent de renseigner les ingénieurs en temps réel, via une appli sur smartphone, à propos de la pression des pneus ou de leur température. Avant une adaptation probable à la circulation publique dans les années à venir.

Ce sont également les lunettes connectées, conçues par la start-up française Ellcie-Healthy (avec l’équipementier Valeo), qui préviennent le conducteur de signes d’endormissement. Ou encore les phares intelligents (qui existent notamment sur la Ford Fiesta), qui adaptent leur niveau de luminosité lorsqu’ils identifient un point lumineux dans leur « champ de vision ». Et bien d’autres…

Les capteurs sur l’infrastructure : le coup de pouce en plus

Il n’y a pas que la voiture, elle-même, qui profite des avancées des technologies connectées. La route, elle aussi, qu’elle devienne productrice d’énergie (à l’aide de panneaux solaires) ou « intelligente », recèle d’innovations.

La société Eiffage, par exemple, a développé le système Luciole : des lampadaires, disposés au bord des routes, détectent l’arrivée d’un véhicule la nuit. En n’éclairant que le nécessaire, il serait ainsi possible de réduire de 70% la consommation d’énergie des systèmes classiques d’éclairage au bord des routes.

Colas teste quant à elle « Flowell », un système de signalisation routière dynamique et modulable qui, grâce à des LED intégrés au bitume et pilotés à distance, permettent d’adapter la distribution des voies ou l’ouverture de places de stationnement éphémères. De quoi fluidifier la circulation sur les grands axes comme dans un centre-ville.

Côté stationnement, outre le grand nombre d’applications mobiles (qui font appel à des capteurs connectés pour identifier les places libres), certains constructeurs en sont déjà au coup d’après : la voiture qui se gare toute seule. Chez Volkswagen, par exemple, l’aéroport de Hambourg (Allemagne) sert de terrain de jeu à une drôle d’expérience : des capteurs disséminés un peu partout dans l’un des parkings identifient les places libres et envoient l’information à la voiture qui se présente à l’entrée. Son conducteur, qui aura au préalable réservé une place via une appli dédiée, n’aura plus qu’à laisser sa voiture se guider toute seule jusqu’à la place tant recherchée !

>>> Aller plus loin : « De la copie, la Chine est passée à l’innovation »

Services connectés : l’avenir ?

Les exemples vus précédemment peuvent déjà s’apparenter à des « services » offerts aux automobilistes. Mais la notion de « services connectés » visée ici concerne davantage ceux que l’on devrait trouver à bord de nos futures voitures autonomes.

La société Intel et le cabinet Strategy Analytics ont mené et publié une étude, l’an dernier, qui avance que la diffusion à grande échelle de la voiture autonome, à l’horizon 2050, fera émerger de nouveaux modèles économiques pour le secteur des loisirs. Il faudra bien occuper les passagers de véhicules qu’ils ne conduiront pas.

D’où l’importance d’assurer la connexion entre les objets connectés de la maison, de plus en plus prisés du consommateur, et la voiture. De sorte à ce que cette dernière devienne la continuité de la vie au sein du foyer. Selon l’étude Strategy Analytics, il est question « d’établir ainsi une continuité de la connexion de l’habitat jusqu’au lieu de travail afin de rendre le trajet utile et productif ».

Benjamin Hay – Illustration French IoT

Partager